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Jean Arrous
(1876-1935)
Médecin - Maire de Prades
Remarque liminaire
Biographie de Jean Arrous par Marc Delclos parue dans le Nouveau Dictionnaire de Biographies Roussillonnaises- 1789-2011 - Tome 1 - page 71
Publication de l'Olivier 2, rue Théodore Guiter 66320 Pézilla-la-Rivière.
Arrous (Jean, Joseph) né le 07/11/1876 à Perpignan, mort le 26/02/1935 à Montpellier (Hérault).
Médecin, journaliste, maire de Prades (1908-1912, 1922-1924) et conseiller général radical-socialiste du canton de Prades (1907-1925).
Fils d'un garde d'artillerie en retraite, Jean Arrous entreprend des études de médecine à Montpellier. De 1897 à 1900, il est préparateur de physiologie à la faculté de médecine du chef-lieu héraultais. Il réalise de brillantes études qui lui valent le prix de scolarité (Buisson-Bertrand) et le prix de thèse (Fontaine). Le 28/05/1900 il obtient son diplôme de docteur en médecine. C'est la fin de la parenthèse héraultaise.
Jean Arrous retourne dans les Pyrénées orientales. Il s'installe dans l'arrondissement de Prades. Il reprend la « clientèle » du Docteur Cantié, à Mosset, ainsi que l'engagement de ce dernier au parti radical-socialiste. Très vite il s'intègre également à la vie locale en adhérant, dès 1903, à la Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées orientales.
Les premières expériences politiques ne tardent pas. Dès juillet 1904, le docteur Arrous se présente comme radical-socialiste aux élections cantonales de Saillagouse (Pyrénées orientales).
Cette première candidature est un échec malgré une campagne très intense. Le conseiller sortant de centre-droit Emmanuel Brousse et réélu. Dès lors, Arrous mesure tout l'intérêt de posséder une tribune politique. Les radicaux conflentois lance l'hebdomadaire La Montagne qui paraît dans l'arrondissement de Prades de janvier 1905 à mai 1914 et sert d'origine politique au Bloc républicain. Jean Arrous y joue un rôle déterminant, tout comme Joseph Marty, Gustave Violet ou encore Victor Dalbiès.
Jean Arrous accentue également son engagement politique. En 1906, il est élu à la tête du congrès républicain de Prades à une très large majorité.
L'année 1908 marque un tournant dans la vie du jeune radical. Fort de l'appui de La Montagne, il est élu conseiller général du canton de Prades le 8 mars lors d'une élection cantonale partielle à la suite du décès de Jean Petit (ancien maire de Prades et conseiller général, élu en 1901 et réélus en juillet 1907). Le docteur Arrous a bénéficié de sa popularité auprès des ouvriers mineurs du canton.
En mai 1908, les radicaux pradéens confirment ce premier succès et s'emparent de la mairie de Prades. Le docteur Arrous est élu maire. Il utilise La Montagne comme tribune. Il y explique que le contenu des séances du conseil général, donne le détail des arrêtés municipaux et n'hésite pas à s'en prendre à ses adversaires de façon générale et en particulier à Emmanuel Brousse.
Le 23/12/1908 à Mosset, il épouse Angélique Arbos avec pour témoin son ami Joseph Marty, le directeur de La Montagne et conseiller municipal de Prades. De cette union naissent deux enfants : Jean (1910 - 1987) et Jules le (1912 - 2000) qui seront respectivement polytechniciens est avocat à la cour d'appel de Paris.
Il se consacre alors très activement à l'amélioration de La Montagne où il multiplie ses articles et publie à partir de 1910 une rubrique à la Une de l'hebdomadaire, clairement marquée à gauche, intitulée « Politique Nouvelle »
Comme maire, il active la réalisation de nombreux projets : création d'une brigade de gendarmerie à pied (1909), adduction d'eau potable à Prades, création de l'école primaire de garçons (1909), aménagement et amélioration de l'école primaire supérieure de jeunes filles, création de la caisse des écoles...
Son activité politique ne lui fait pas négliger son travail de médecin. C'est ainsi qu'il est président de la commission des hospices du bureau de bienfaisance de Prades pendant plus de six ans.
Son attitude le fit remarquer par ses pairs qui lui décernent plusieurs récompenses : médaille d'argent du médecin du service de la protection des enfants du premier âge et médaille d'or du médecin des épidémies 1919 pour son action comme médecin à Prades, en particulier en 1911 lors de l'épidémie de choléra.
L'amitié entre Jean Arrous et Gustave Violeta conduit ce dernier à prendre Mosset comme source d'inspiration.
Voir ici.
Jean Arrous descend de deux anciennes familles de Mosset ; les Arrous et les Cantier. Les ancêtres les plus anciens identifiés sont Frances Arrous décédé le 8 juillet 1589 et Pere Cantié décédé vers 1700. Son arrière arrière grand père, Pierre François Arrous (1754-1795) est parti à Paris défendre les intérets de la communauté contre le marquis d'Aguilar vers 1774.
Une requête au Roi a été rédigée à cet effet.
Son grand père maternel, Joseph Cantié (1795-1867) et son oncle Benjamin Cantié (1842-1900) étaient médecins. Jean Arrous reprend la clentèle de Benjamin et adopte ses principes radicaux-socialites.
Il épouse sa cousine germaine Angèle Arbos (1887-1967) : ils ont le même grand-père le médecin Joseph Cantié (1795-1867). Anticlérical Jean Arrous refuse le mariage religieux.
En février 1912, Arrous devient directeur de La Montagne. En revanche, sa liste d'union des groupes républicains de gauche est battue aux élections municipales de Prades en 1912. Il est passé dans l'opposition et redevient simple conseiller municipal de Prades jusqu'en 1922.
Il est réélu d'extrême justesse conseiller général en août 1913. Son adversaire le docteur Lavail, porte l'affaire devant le Conseil d'État. Ce dernier confirme la validité de l'élection d'Arrous. À partir de 1912 et jusqu'en 1922, il est vice-président du conseil général des Pyrénées orientales.
Lors de la première guerre mondiale, il est mobilisé de mars 1915 à février 1919 comme médecin de première classe à Paris.
Dès 1919, il entre à Prades, mutilé de guerre à 50 %, pour une affection contractée au front (cardiopathie). Il est décoré de la médaille de la victoire et de la médaille commémorative de la guerre de 1914-1918.
Lors des élections législatives du 16/11/1919, il est candidat malheureux sur la liste d'union des groupes républicains de gauche qui n'obtient qu'un seul siège qui revient à Pierre Rameil.
En revanche, le 14/12/1919, il est élu pour la troisième fois consécutive conseiller général de Prades, sans adversaire et avec plus de 90 % des suffrages.
En 1922, il est à nouveau élu maire de Prades. Son second passage à la tête de la municipalité est moins intense que la première et prend fin en 1924.
Le 28/06/1925, le congrès du parti radical et radical-socialiste désigne Jean Joseph Arrous comme candidat pour les élections cantonales de juillet 1925. Après 17 années passées au conseil général, il décline l'offre. En revanche, il se laisse à nouveau tenter par l'expérience parlementaire.
Battu lors des élections sénatoriales de 1927, il s'éloigne alors des Pyrénées orientales et s'installe à Paris où il continue de pratiquer comme médecin. En juillet 1930, il tente vainement sa chance lors du scrutin législatif partiel à la suite du décès de Jules Pams. Ce dernier échec est aussi son ultime trace dans le département.
Œuvres :
- Action diurétique des sucres en injections intra-veineuses, Montpellier, Imprimerie Gustave Firmin et Montane, 1900
- « La valeur alimentaire de l'alcool », Perpignan, bulletin de la SASL des P.-O. (XLV), 1904, pp. 38 - 49.[Voir ci-dessous]
Sources
- AVP.E87
- ADPO.1M822, 1M853.
- Maire de Prades, délibération du conseil municipal de 1908 à 1912
- Chauvet, pp. 184,201.
Pendant la guerre de 1914-1918, ses enfants n’étant pas baptisés, le curé de Mosset veut profiter de l’absence du père pour le faire. Voici la lettre de Monsieur le Curé Adroher à Monsieur le Grand Vicaire, du 30-10-1915.
" C'est pour avoir votre avis que je vous écrit.
Je viens de baptiser à l'instant, avec autorisation du curé de Prades, les deux enfants du Docteur Arrous, qui est, comme vous le savez sans doute, marié civilement avec sa cousine germaine de Mosset [Angèle Arbos].
Je me demande si je ne réussirais pas à réhabiliter le mariage, maintenant qu'il pourrait nommer un procureur pour le remplacer puisqu'il est vers le front des troupes je crois, comme médecin d'ambulance ou d'hôpital.
La belle-mère (Adèle Cantié, 1847-1923) m'aiderait sans doute, les enfants ne refusant pas longtemps ce qu'elle désire, à cause du dévouement qu'elle a eu pour tous, de l'âge avancé où elle est, de la maladie qu'elle a et qui la conduit au tombeau. C'est la sœur de cet abbé Cantié (Cantié Joseph 1837-<1867), que vous avez connu, et qui est mort tout jeune.
Sans doute le Docteur Arrous a dans le temps interdit les processions à Prades et présidé la vente des objets qui appartenaient au petit séminaire, mais dans ces cas l'ignorance des censures fait qu'on ne les encourt pas.
Il me faudrait la dispense des fabrications, de l'empêchement et l'autorisation de Monsieur le Curé de Prades, où réside habituellement l'épouse.
Avant de proposer mon idée à la famille, je désirerais savoir si les dispenses me seront facilement accordées et s'il n'y aura pas quelque autre empêchement théologique que je ne vois pas en ce moment." (Bibliothèque du diocèse de Perpignan : Liasse Mosset - Document 26)
On sait pa s si ses fils furent baptisés mais il ne limita pas son anticlérical à ses proches, "Les processions furent interdites par cette municipalité" (Prades, son Histoire, ses coutumes de Jean Viallet : page 128).
De la classe 1896 avec le N° 177 il passe devant le conseil de révision de Perpignan où il est exempté malgré sa taille de 1,77 m pour “ incapacité relative : Palpitation au coeur, hernie double et hypertrophie du cœur. (ADPO 1R135) Il est cependant mobilisé de mars 1914 à janvier.1919 comme médecin aide major de 1 ère classe. Mutilé de guerre à 50% pour affection contract.
Il fait 44 mois de services dont 1 an sur le front.
On peut lire dans son dossier de candidature à la Légion d'Honneur du 18.5.1934 : "A consacré les plus belles années de son existence à la dure profession de médecin de campagne et à la vie publique.
Comme médecin et comme maire de Prades s'est particulièrement signalé lors de l'épidémie de choléra de 1911 à l'occasion de laquelle il a fait preuve du plus entier dévouement .
Comme Maire de Prades (pendant 7 années) et comme conseiller général des Pyrénées Orientales (pendant 17 ans ) a été un collaborateur éminemment distingué de l'Administration dans tous les domaines.
Haute conscience professionnelle."
Signé à Prades le 31.5.1934 par Monsieur le Sous-Préfet.(ADPO 1M822)
Une conférence tenue par Jean Arrous après la crise viticole de 1905 dans le midi avait pour but de montrer que la consommation modérée de vin est un élément favorable à la bonne santé.
Bien que la disparition des nombreuses vignes de Mosset au XIXe siècle ait coïncidé avec l'amélioration générale de la santé, le Docteur Arrous déclare : "Personnellement , j'ai eu l'occasion, lorsque j'exerçais la médecine à Mosset, de faire une constatation. L'année de la crise viticole on consomma beaucoup de vin dans les régions montagneuses et ce en raison de la modicité de son prix. Il fut notable que la morbidité diminua d'une façon très manifeste et les paysans purent arriver à la fin des travaux d'été sans souffrir des nombreuses indispositions dont ils étaient atteints les années précédentes."
Il conclut : "Et si vous vous étonnez, Messieurs, de la position que vient de prendre ainsi publiquement contre la médecine et pour la viticulture un homme qui est un peu médecin et nullement viticulteur, je vous dirai en toute franchise que je viens de plaider un peu ma propre cause. Tempérant et non abstinent, je ne dédaigne ni la bonne eau de vie ni surtout le bon vin et cela parce que je pense avec M. Ch. Mayet que " le Coq Gaulois est un coq qui boit du vin."
(SACL N° pages 38 à 49).