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André Salvat (1920)
Colonel (1)
Compagnon de la Libération (2)
André Salvat, né le 16 mai 1920 à Prades, est la fils d'André Barthélemy Salvat et de Clémence Assens de Conat.
Son père, grand mutilé de la Première Guerre mondiale, et sa mère tenaient un petit commerce d'épicerie à Perpignan. André Salvat est liè à Mosset par le couple Rose Salvat (1778-ap 1847) Barthélemy Respaut (1777-1834) qui s'y est mariés en 1798 et par de très nombreux cousins.
Enfant de troupe dans l'Ecole Militaire Préparatoire de Saint-Hippolyte-du-Fort, André Salvat s'engage naturellement dans l'armée, en mai 1938, dès sa sortie de l'Ecole à 18 ans.
En juillet 1939, le sergent Salvat est affecté au 24e Régiment d'Infanterie Coloniale (24e RIC) à Tripoli (Liban).
Le 27 juin 1940, dès que le général Mittelhauser dépose les armes en Syrie, il refuse l'armistice et passe en Palestine avec le capitaine Folliot, à l'aide de faux ordres de mission.
Rassemblée au camp de Moascar (Égypte), la Compagnie Folliot, équipée et armée par les Anglais, est rejointe en juillet par les 350 hommes du 3e Bataillon du 24e RIC emmenés par le capitaine Lorotte en provenance de Chypre. Ils forment ensemble le 1er Bataillon d'Infanterie de Marine (1er BIM) dont la Compagnie Folliot devient la 1re Compagnie.
Cette Compagnie participe à la première campagne de Libye contre les Italiens et est la toute première unité Free French (Français libres) à reprendre le combat en septembre 1940. André Salvat, affecté à la Compagnie Folliot en qualité de sergent, participe à cette campagne de Libye (Sidi-Barrani, Sollum, Bardia, Tobrouk, Benghazi, El Agueila) au cours de laquelle sa section, sous les ordres du lieutenant Barberot, fera plusieurs centaines de prisonniers. Après la prise de Bardia, André Salvat sera décoré parmi les premiers, de la Croix de la Libération.
Il prend part ensuite, toujours avec le 1er BIM, à la campagne de Syrie en juin 1941 avant de suivre les cours d'élève aspirant à Damas, au camp Colonna d'Ornano, en septembre et octobre 1941. Nommé aspirant, André Salvat est affecté au Bataillon du Pacifique (BP 1) dès sa sortie du camp Colonna d'Ornano.
En 1942, il prend part, comme chef de section, à la seconde campagne de Libye et à la bataille de Bir Hakeim. Toujours volontaire pour des missions dangereuses, il est blessé par des éclats de balles au cours de la sortie de vive force de la position, le 11 juin 1942.
Promu sous-lieutenant fin juin 1942, il est ensuite affecté au Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique (BIMP) récemment créé par la fusion du BP 1 et du 1er BIM, durement éprouvés à Bir-Hakeim. André Salvat combat ensuite à El Alamein en octobre 1942.
Promu sous-lieutenant fin juin 1942, il est ensuite affecté au Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique (BIMP) récemment créé par la fusion du BP 1 et du 1er BIM, durement éprouvés à Bir-Hakeim. André Salvat combat ensuite à El Alamein en octobre 1942.
Promu lieutenant en décembre 1943, il combat en Italie et se distingue dans les combats autour de Girofano, les 11 et 12 mai 1944, en menant ses hommes à l'assaut. Il est blessé une seconde fois par balle, le 16 mai à San Giorgio mais refuse de se faire évacuer avant d'avoir totalement rempli sa mission. Il est cité à l'ordre de l'Armée.
Le 17 août 1944, il débarque en Provence et se fait de nouveau remarquer par sa bravoure. Il s'empare, dans la nuit du 21 au 22 août, de la cote 156 à Hyères et résiste avec sa section à six contre-attaques ennemies. Il est encore une fois blessé par balle lors des combats pour la prise de Toulon, le 25 août 1944.
Grand Officier de la Légion d'Honneur
Compagnon de la Libération (2)- décret du 7 mars 1941
Croix de Guerre 39/45 (3 citations)
Croix de Guerre des TOE (2 citations)
Croix de la Valeur Militaire (1 citation)
Médaille Coloniale avec agrafes "Libye 42", "Bir-Hakeim", "E-O"
Médaille Commémorative du Levant
Médaille Commémorative de la Campagne d'Italie
Médaille Commémorative de la Campagne d'Indochine
Médaille Commémorative des Opérations de Sécurité et du Maintien de l'Ordre en AFN
Croix de la Vaillance Vietnamienne
Croix Militaire de 1re classe (Zaïre)
Evacué vers l'Italie, il retrouve son unité deux mois plus tard dans les Vosges, participe à la campagne d'Alsace et termine la guerre dans le massif de l'Authion, dans le sud des Alpes, en avril 1945.
Après la fin des hostilités, il poursuit sa carrière militaire. En 1945, il est instructeur à Coëtquidan avant de servir pendant plusieurs années au Maroc, au Sénégal et au Congo Brazzaville.
En octobre 1953 le capitaine Salvat débarque à Saigon et prend part aux opérations en Indochine. Deux fois cité, il est blessé une quatrième fois en juin 1954 en Centre Vietnam ; fait prisonnier, il reste interné trois mois.
Il est ensuite aide de camp du général Delange, adjoint au commandant la 10e Région militaire en Algérie, avant de prendre, en 1957, le commandement du 2e Bataillon du 9e RIC en Kabylie pendant un an.
Après un séjour outremer, il sert en Allemagne, de 1962 à 1966, à Baden Baden puis à Berlin.
Affecté ensuite comme commandant en second au 1er RIMA à Grandville jusqu'en 1967 avant d'être désigné comme attaché de défense à Kinshasa (Zaïre) jusqu'en 1971.
Il est détaché à Toulon jusqu'en 1973 comme officier de liaison de l'Armée de Terre (OLAT) auprès de l'amiral commandant en chef en Méditerranée.
En avril 1973, le colonel André Salvat fait valoir ses droits à la retraite et se retire à Perpignan d'où il est originaire.
(1) - Wikipedia - André Salvat de 08/2009
(2) - Un Compagnon de la Libération est un membre de l'Ordre de la Libération créé le 17 novembre 1940 par Charles de Gaulle en tant que "Chef des Français libres".
1038 personnes dont 260 à titre posthume ont reçu cette distinction qui honore ceux " qui se sont qui se seront signalées dans l'œuvre de libération de la France et de son Empire."
Au 1er juin 2009, après la mort de Roger Lescure, 50 Compagnons de la Libération étaient encore en vie.
Intervention du général Bernard Josz, délégué général du Souvenir français pour les Pyrénées Orientales le 17 mai 2003 (Journal des AET de 2003)
Le destin du colonel André Salvat s'inscrit dans sa fidélité au général de Gaulle. Pour partager son intime conviction je me suis replongé dans une allocution prononcée à la Sorbonne par le professeur François Jacob compagnon de la libération, prix Nobel de médecine, le 18 juin 1980 pour le quarantième anniversaire de l'appel.
Cet éminent savant dégage de remarquable façon la haute signification de cet appel, les motivations et l'état d'esprit qui conduisirent quelques jeunes Français, dont André Salvat, à s'engager dans la noble aventure de la « France Libre ».
Il évoque et je le cite « La rébellion, l'insubordination du soldat à des ordres jugés indignes parce que l'obéissance à l'intérêt et à l'honneur du pays l'emporte sur l'obéissance du militaire à ses chefs ».
Alors je vais vous faire partager les aventures d'un rebelle, d'un soldat en révolte contre son sort qui n'accepte pas l'humiliation faite à sa patrie impuissante. A vous qui n'étiez pas nés en 1940 je vais vous parler d'une période qui est plus qu'un souvenir, c'est l'histoire de la France et de son empire au travers d'une vie consacrée à l'honneur, à la patrie et au drapeau. Ce qui donne sa grandeur au choix d'André ce fut de ne pas être raisonnable. La folie fut alors sa seule sagesse. Qui pourrait dire en ce moment que dans le compagnon calme, pondéré, effacé que nous admirons bouillonnait alors l'âme d'un aventurier, d'un conquistador ?
Ce catalan pure souche depuis plusieurs générations est né à Prades le 16 mai 1920. Il est instruit dans le respect des lois de la République par un père grand blessé de la guerre 1914-1918. Sa carrière débute à 13 ans dans les écoles d'enfants de troupe, Saint-Hippolyte-du-Fort, puis Billom et Autun.
Fin 1938 il rejoint le RICM brillant régiment, le plus décoré de France. Le 24e RIC, cher au cœur des catalans, est en formation au Liban, à Tripoli. Ce sera sa première garnison hors de France où le surprend la déclaration de guerre de septembre 1939, puis le triste armistice de juin 1940.
Avoir 20 ans et se retrouver un soldat vaincu sans avoir participé à la bataille, c'est subir avant tout l'humiliation de son impuissance personnelle. Le chasseur qu'il veut être a déjà la désagréable impression d'être devenu un gibier traqué.
Il en veut aux responsables politiques et militaire qui ont amené la France à un tel désarmement tant moral que matériel. Il lui faut lutter contre toutes les raisons de douter et de renoncer. En langage plus simple, il refuse la défaite, le déshonneur. Il se retrouve seul, debout, mais riche de jeunesse, d'esprit et d'idéal.
L'aventure de l'honneur commence pour lui et va le mener de combat en combat vers la liberté. Sans le savoir il fait sienne cette parole de Saint-Exupéry « si chacun de nous prend conscience de son rôle, il se découvre plus qu'un serviteur, il est une sentinelle, et chaque sentinelle est responsable de tout l'empire ». En cet instant, le sergent Salvat est devenu la sentinelle de l'empire français.
Il doit agir. Il n'a pas entendu l'appel du 18 juin 1940 et pourtant il réagit comme le général rebelle qu'il ne connaît pas. Avec une vingtaine de camarades et quelques cadres, il déserte le 24e RIC qui s'est rangé aux ordres du maréchal Pétain. Il passe en Palestine se mettre à la disposition de l'année britannique pour continuer le combat.
Imaginez qu'au même moment la quasi totalité des Français est prête à accepter la défaite, l'occupation et un certain ordre, une idéologie fondée sur le choix des races et l'anéantissement des cultures.
Comment une poignée de fous croyant en la France éternelle et en sa grandeur refuse-t-elle ce choix national ? Il est vrai qu'à 20 ans, la confiance et l'espoir ne relèvent pas de la raison. Quelle fierté de se retrouver après quelques semaines d'attente, armés, équipés avec sur le battle dress un seul mot "France" ». Cette reconnaissance par l'armée britannique est déjà une petite victoire.
Arrivés à Ismaïlia, des soeurs d'origine française leur confectionnent leur drapeau avec ses 3 couleurs, bleu, blanc et rouge vermeil, symbole de la patrie et espoir de liberté. Ils sont comblés et riches d'espérance.
La marche en avant commence au sein de la 8e armée britannique en Cyrénaïque. C'est la première campagne de Lybie avec la prise de Tobrouk et de Bardia. C'est aussi une première blessure par mine qui ne sera pas homologuée faute de médecin français. Le 31 mars 1941 ce jeune sous-officier qui n'a pas atteint sa 21e année est fait compagnon de la libération (1). Il sait dorénavant qui est le général de Gaulle.
La guerre est déconcertante, elle peut être tragique et même fratricide. Elle va l'amener à se battre en Syrie contre des Français fidèles au maréchal Pétain. Triste épopée qui se solde par le traité de St Jean d'Acre le 21 juin 1941.
Ses 21 ans révolus, il est désigné pour suivre à Damas le cours d'aspirant de la France libre. Avec ce grade, il est affecté au bataillon du Pacifique, héritant d'une section tahitienne qui va le suivre jusqu'en Alsace en 1945.