Massé Ludovic - Généalogie de Mosset
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Massé Ludovic
Mossétans > Biographies > Biographies M - P
Ludovic Massé
un aristocrate du peuple
par
Jean LLAURY (JDM N°31 de mai-juin 2003)
Pendant longtemps, je n'ai connu de Ludovic Massé que l'un de ses romans dits "paysans" : "La terre du liège" trop rapidement et donc maladroitement lu dans ma pré adolescence ; ensuite, ce furent des extraits du "Mas des Oubells" lors de la parution du film d'André Abet (trop tôt disparu) et de "Lam la truite" écrit de concert avec son frère Sylvain. C'était tout ! Pour moi, L.Massé était et allait rester un écrivain régionaliste animé par un amour profond de la Nature, de la rusticité et de la catalanité.
Ludovic Massé (Évol 1900 – Perpignan 1982)
Mon sentiment sur son œuvre évolua à la lecture, il y a quelques années, du "Refus", livre sur la période trouble de 40-44, dans lequel il me sembla découvrir un romancier réfractaire à toute compromission, un révolté capable des plus belles indignations, justifiant dans le personnage de Jacques Trévillac son pacifisme actif
Et ce sentiment s'est trouvé conforté par la lecture de la biographie de l'écrivain écrite par Bernadette Truno, enseignante en lettres ; cette biographie qui date de 1996, m'a également révélé la richesse de sa vie d'Homme sur les plans relationnel, intellectuel, conflictuel…Que d'échanges épistolaires avec, entre autres, Roger Martin du Gard, Hemingway, Raoul Dufy, Henri Poulaille, Jean Dubuffet, Aristide Maillol, Gustave Violet…, et quelle œuvre féconde depuis l'amusant "Chopinette dans le monde du rugby" écrit en 1924 jusqu'au troublant "Mas des Oubells" réédité en 1981 puis en 1995 en passant par "les Trabucayres", "le vin pur", "Tolstoï, l'Homme de la vérité" (son maître en écriture) réédité en 1991 mais également ce superbe recueil de nouvelles "Visages de mon pays" réédité, lui, en l'an 2000.
Je ne peux résister au plaisir de vous livrer les dernières lignes de cette biographie que j'ai lue d'un trait comme on lit un roman captivant :
"Qui donc était Ludovic Massé ?
Un homme d'esprit, oui, mais surtout un passionné.
Sentimental sûrement. Méchant souvent, non sans raison.
Un violent et un tendre.
Un esprit fortement trempé dans un corps maladif.
Un individualiste irréductible bien enraciné en terre catalane.
"Un gant de fer sur une main de velours",
Ludovic Massé, un aristocrate du peuple".
Ludovic Massé - Un aristocrate du peuple
Biographie par Bernadette Truno - Mare Nostrum.
Si ses descriptions de la Nature et de ses habitants font penser au meilleur Giono*, Ludovic Massé est également un remarquable conteur, un romancier pour lequel l'aspect social d'une œuvre, l'étude des sentiments, la solidarité, la fraternité…apparaissent au premier plan.
* Voyez comment, dans "La flamme sauvage" véritable "roman noir villageois", il décrit les Aspres et les Albères, ces "montagnes sœurs" :
"Derrière lui, les Aspres s'étageaient en masses sombres et crépues. Ils bouchaient l'horizon. Leurs monts dévalaient en cohue de l'ouest. Là-bas, ils s'arrachaient à la chaîne mère en contreforts vigoureux et turbulents. La vallée semblait ployer sous leur ruée. Puis leur étreinte allait s'allégeant. En sursauts de moins en moins vifs, ils venaient expirer au cœur des terres basses. Là, un seuil étroit et plat, bleu de vignobles, les séparait des Albères, les montagnes sœurs, venues de l'autre côté de la vallée, en bonds aériens, et, au terme de leurs élans déçus, cabrées devant la mer."
Je découvre donc- et avec beaucoup d'enthousiasme- l'Homme et son œuvre sans oublier que, c'est à Evol (Conflent-Garrotxes ) que, petit dernier d'une fratrie de 5 enfants, il voit le jour et que c'est à Mosset, où il passe l'été 1949, qu'il rédige la première version du "Sang du Vallespir", texte demandé par Henri Pourrat pour sa collection "Légendes"…
Ludovic Massé (Évol 1900 – Perpignan 1982)
Ludovic Massé vit le jour dans une famille modeste du canton d’Olette. Le père exerçait le métier d’instituteur, ce qui encouragea sans doute le fils à étudier. Celui-ci intégra ainsi l’école normale de Perpignan et, durant trois ans, a pris son futur métier d’enseignant. Mais Massé, amoureux de la campagne, n’était pas à l’aise à la ville, se sentant presque « exilé » des endroits qu’il aimait dans le haut Conflent.
En 1919, on lui confie à sa première classe à l’école primaire de Cabestany. Puis le service militaire passa par là, et l’instituteur fut muté à Céret après avoir fait ses classes. Dès lors, Massé côtoya des artistes, s’initia à la peinture, devenant même courtier d’art. Il commença également à écrire, utilisant le français comme langue d’expression. Reconnu comme un écrivain talentueux, Ludovic Massé ne reniera jamais ses origines ni ses convictions : l’écrivain était engagé, le poète reste fidèle à la simplicité du pays catalan et l’homme agit face à l’actualité en soutenant par exemple les Républicains espagnols.
Ludovic Massé se situait naturellement hors de la masse, et son anticonformisme lui ferma les portes de certaines maisons d’édition. Il acceptait d’être anarchiste tant qu’il y avait du cœur dans l’anarchie, se disant « né dans un encrier à condition que celui-ci fusse rouge. »
(Joan Peytavi-Deixonna dans "AVANT PASSATS" de 2013 chez Trabucayre)
Cousinage : Ludovic Massé et les Pares Garrigo ont 4 ancêtres communs qui vivaient au XVIIe siècle et en particulier Emmanuel Ponsaillé (Sosa 538) et Etève Nabona (Sosa 1112).