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Pierre Parès (1761 -1843)
Pierre Jean Parès est cousin non pas par les Parès mais par Jaume Antoni Onufre Josep REYNALT Y MOLLET (1621-1961) (Sosa 1618) d’Estagel qui est son Arrière Grand Père.
Né le 1 novembre 1761 à Estagel on le trouve étudiant en théologie en 1783 puis diacre en 1784.
En 1786 il est vicaire à Rouffiac-des-Corbières, annexe de Duilhac. En l'absence du curé Gouttes, il fut registre d'Argeliers (11120) du 4 octobre 1790 au 2 février 1791. Il prêta le serment de 1790 et devint en 1793 curé intrus de Palairach (10/3/1791), où il remplaça Pech, curé insermenté.Il rétracta le serment en 1796.(FranceGenWeb)
Il est décédé le 1 juin 1843 à Perpignan rue Manuel.
Deux textes racontent ses aventures de curé réfractaire.
1 - De Rochefort à La Guyane - Un fief de Fontfroide de Francis Roque, 1948.
Il s'agit de l'abbé Pierre Parès, fils du principal propriétaire de Vingrau et descendant d'une famille terrienne dont nous relaterons, plus loin, l'histoire, étroitement mêlée à celle du village. Hâtons-nous de dire, d'ailleurs, que, contrairement à ce qu'avaient tout d'abord cru ses parents, aucun, parmi ses camarades d'enfance et les autres habitants de son village d'origine, ne fut la cause des poursuites qui allaient être engagées contre lui.Le 24 décembre 1792, " Mossen Pierre Parès, originaire du lieu de Vingrau, et précédemment vicaire. à Palayràc fut adjoint à Mossen Vinyes, curé de Tautavel ", âgé de 76 ans et qui, peu après, émigra en Espagne. Le jeune vicaire devait avoir une carrière mouvementée.
De bonne heure, il fut suspect, car, comme beaucoup de ses confrères il s'était exprimé fort vivement contre " les excès des assemblées révolutionnaires ". Ce n'est qu'après de nombreux pourparlers et d'incidents divers qu'il prononça, le 28 germinal an IV (1793), devant le citoyen Joseph Sirach, adjoint au maire de Tautavel, le serment suivant : " Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain et je promets soumission et obéissance aux lois de la République."
Ce serment peu compromettant et trop étudié ne fut pas du goût des Jacobins de Perpignan qui, à défaut d'autre, avaient leur religion éclairée sur le prêtre Parès. Certaines dénonciations malveillantes, allaient, en outre, porter leurs fruits contre lui.
Il. fut appelé au chef-lieu, où s'instruisit son procès. Tout lui fut reproché : le présent, assez subtilement défendu et surtout le passé, beaucoup plus compromettant. Ce n'est qu'après un an d'instruction, le 18 Fructidor an V (août 1796) qu'il fut condamné à l'internement sur les fameux pontons de Rochefort, où se trouvaient déjà de nombreux prêtres de toutes les régions de France et notamment son voisin, l'abbé Cazaux.
La vie sur ces vieux bateaux démâtés était intolérable, les soins à peu près inexistants, la nourriture, insuffisante et immangeable. De plus, les malheureux étaient si étroitement serrés sur les ponts exigus, que la Convention s'émut de cette situation lamentable. Elle décida que, parmi ces prêtres, les plus compromis, seraient le plus rapidement possible, expédiés à la Guyane.
Pierre Parès fut de ce nombre. La misérable cargaison arriva, en 1798, à Sinnamary, où elle fut en butte à toute sorte de vexations. Un chroniqueur, ecclésiastique (1) nous renseigne sur les avatars du malheureux vicaire : " Le 11 mai 1799, nous dit-il, il s'évade du pénitencier, en compagnie de quelques autres prêtres déportés... La barque qui le portait chavira. Seul, l'abbé Parès fut sauvé et put regagner la rive voisine ... Là, il fut la proie de la faim, de la soif, et autres misères ... . Brûlé par le soleil, ensanglanté par les piqûres des moustiques et des crabes géants, l'abbé Parès marcha pendant deux jours dans d'affreux déserts... puis dans des marais, avec de la boue jusqu'à la ceinture...La marée montante le surprit et il eut tout juste le temps de s'agripper à un tronc d'arbre. Sur cette épave il fut entraîné jusqu'aux bords de la colonie hollandaise de Surinan. Une caravane de sept nègres découvrit le malheureux naufragé, le ranima et le conduisit au port de Neukerch. Le commandant de la place lui prodigua les soins les plus charitables. Ses forces lui revinrent peu à peu. Il put donc quitter Surinan et, le 21 juillet 1799, débarquer à Liverpool. Trois jours après, il arriva à Londres. Le 25 avril 1800, l'abbé Pierre Parès s'éloigne de la capitale de l'Angleterre pour rentrer en France. Il revoit le ciel de la Patrie, le 24 mai et le 17 juillet, il est à Vingrau, où sa famille est heureuse de le recevoir. "'Empire avait ramené la paix dans le village, le greffier Cazeaux était parti et François Parès, celui qu'on avait surnommé le " maire vieil ", venait d'être placé à la tête de l'administration municipale. Il accueillit son parent avec " une joie, qui fut partagée par tous les habitants du village ".1809, l'Abbé Parès reprit la paroisse de Tautavel qu'il conserva jusqu'au. 1er mars 1812, date à laquelle il passa au doyenné de Latour-de-France. Le 21 avril 1835, il fut fait chanoine titulaire de la Cathédrale Saint-Jean, par l 'Évêque de Perpignan, Mgr Jean François Saulhac de Belcastel.é sa vie mouvementée et les souffrances qu'il avait endurées, M. lé Chanoine Parès avait conservé une bonne santé. Il vécut les huit dernières années de sa vie à Perpignan, où il mourut le 1 juin 1843 à l'âge de 82 ans, " entouré de l'affection et du respect de tous. "
2 - Aspects du catholicisme clandestin en Roussillon sous la révolutiuon - page 67.cas de l'abbé Pierre Parès pourrait alimenter les pages d'un véritable roman d'aventures. Issu d'une famille terrienne de Vingrau, ce dernier avait tout d'abord exercé son ministère comme vicaire à Palayrac dans l'Aude.Toujours avec la même attribution on l'avait adjoint, le 24 décembre 1792, a l'abbé Vinyes le vieux curé de Tautavel. Le 17 avril 1793, il avait prêté le serment exigé par la loi selon la teneur suivante : "Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain et je promets soumission et obéissance aux lois de la République.". Mais par la suite, l'abbé Parès avait paru d'autant plus suspect dans son discours qu'il passait pour avoir rétracté son serment " au commencement de l'an quatre", ce qui fera écrire de lui l'agent national d'Estagel, Morat, le 10 mars 1798 : " Il l'a lui-même dit publiquement, ce qui attira à ses fonctions du culte beaucoup de monde des communes voisines et notamment beaucoup parmi les dissidents d'Estagel dui allaient entendre ses messes, se confesser à lui et recevoir de lui les autres sacrements. Le lieu de la rétractation n'a pas été connu mais le bruit était qu'il s'avait (sic) rétracté à Narbonne entre les mains de quelque ancien grand vicaire. Sa conduite dans la commune de Tautavel a fait voir en lui une haine marquée contre le gouvernement actuel, Les discours qu'il a prononcés en chaire ont été des plus séditieux. Il a dit publiquement que les prêtres conformistes ne pouvaient être sauvés, que leurs fonctions étaient nulles, qu'il n'y avait point de salut pour les fidèles qui allaient à leur messe et confesse avec eux et enfin il a mis tout en jeu pour jeter la défaveur sur les prêtres fidèles aux lois, Il s'est évertué dans ses discours contre les acquéreurs des biens nationaux et, les a voués à la haine publique." Il s'agissait là d'une réponse à une demande de renseignements car, depuis le 4 septembre 1797, l'abbé Parès était condamné à l'internement sur les pontons de Rochefort, tristement célèbres. Et c est probablement à la suite de ce rapport. défavorable qu'il fût déporté, avec d'autres confrères, à la Guyane, arrivant à Sinnamary en 1798. Mais là ne s'arrêta pas, pour autant, sa vie mouvementée. Évadé le 11 mai 1799 avec quelques compagnons d'infortune, il avait été le seul survivant de l'embarcation qui avait fait naufrage. Après bien des souffrances le malheureux prêtre avait finalement. échoué au port de Neukerch grâce à une caravane de sept noirs lui ayant apporté leur aide. Puis s'étant embarqué peu après pour l'Angleterre, il était arrivé a Liverpool le 21 Juillet 1799 et avait gagné. Londres trois jours après. Revenu enfin en France, il avait retrouvé Vingrau le 17 juillet 1800...
2 - Conamama de Maurice Barbotin - L'Harmattan 1995-Page 203'un des rescapés nous raconte cette évasion.
"... huit prêtres belges, de la Bayonnaise, Cop, de Bay, de Nève, de Noot, du Mon, Flotteeu keukemans et Moons ; un déporté de la Décade, Nerincks, jeune homme de vingt-deux ans qui avait été arrêté par erreur, à la place de son frère, le curé de Meerbeck quatre Français : Parès, curé de Tautavel (Pyrénées-Orientales) Begué, prêtre de Lombez (Gers) ; Courtot, prêtre du Doubs, et Taupin, laïque émigré, en tout treize individus, tous dans la force de l'âge (un seul avait dépassé cinquante ans ; la moyenne était trente-neuf ans), tous animés de l'audace que donne le désespoir, s'associèrent pour cette périlleuse entreprise. On se procura un canot, un pêcheur pour le diriger et, le 11 mai 1799, munis de vivres pour trois jours, nos émigrés (c'est le nom que leur donnent les registres officiels) se mirent en mer, à la grâce de Dieu. Après deux jours de route, ils débarquèrent à Maroni, poste Hollandais, où commandait un Liégeois qui les reçut à merveille et les garda trois jours. De là, ils gagnèrent le Fort-Orange dont le colonel ne fut pas moins bienveillant. Ils avaient déjà vendu leur canot et se dirigeaient vers Surinam, lorsque le colonel les fit avertir qu'à Surinam, le consul français les réclamerait comme fugitifs ; en conséquence, il les invitait à reprendre la voie de mer, à dépasser Surinam et à débarquer sur terre anglaise, à Berbice ou à Demerary. Redonnons ici la parole à l'abbé du Mon, témoin oculaire."
"Après qu'on nous eut rendu notre canot déjà aliéné, nous nous remîmes en mer, entièrement livrés à nous-mêmes. Nous ne connaissions pas les côtes, nous les perdîmes de vue, et, n'apercevant ce jour-là, par suite d'un orage, ni soleil ni lune, naviguant sans compas, nous ne sûmes bientôt plus si nous allions au nord, au sud, à l'est ou à l'ouest. Les navigateurs peuvent se faire une idée de la terrible extrémité dans laquelle nous nous trouvions. Notre canot faisait eau, et, pour ne pas couler, nous étions forcés de travailler jour et nuit à deux personnes à la rejeter. Nous restâmes dans ces angoisses environ quarante-huit heures ; enfin (combien le Seigneur est admirable et adorable dans les épreuves qu'il nous envoie !) nous aperçûmes de nouveau les côtes : nous en pleurâmes de joie. Mais, hélas ! nous en étant trop rapprochés, nous fûmes saisis par un courant furieux ; notre barque fut jetée à la plage, et, après en être sortis pendant la nuit avec beaucoup de peine, nous la vîmes le lendemain se briser sous nos yeux.étions tous réunis à terre, sur la lisière d'une forêt sauvage, impénétrable, sillonnée et arrosée par la mer, nous ne savions s'il y avait un être humain à douze lieues à la ronde. Nous nous avançâmes à pied le long de la côte, à travers le bois, enfonçant jusqu'aux genoux dans les marais, sans avoir bu ni mangé avant de nous mettre en route. Après cinq jours de marche, près de mourir de faim et de soif, nous rencontrâmes des Indiens esclaves, que leur maître avait envoyés à la pêche des crabes, et qui, par son ordre, vinrent nous prendre en canot. Pendant ces cinq jours, nous n'avions mangé que des crabes vivants ; la pluie qui tomba à deux reprises le matin nous permit de satisfaire légèrement notre soif brûlante. Nous avions, il est vrai, encore un peu de pain, mais il avait été trempé d'eau de mer, corrompu ensuite par la chaleur ; il ressemblait à de la chaux. C'est dans ces cinq jours de marche que trois prêtres brabançons, M. Moons, d'Anvers, vicaire de Boom, M. Keukemans, curé à Anvers et M. de Noot, prêtre de l'Oratoire à Montaigu, restèrent en arrière dans la forêt. Le maître, qui nous avait recueillis, envoya à leur recherche deux canots montés par ses esclaves, mais ce fut en vain. Il nous est impossible de dire ce que sont devenus ces trois malheureux.conclure, car le récit, même abrégé, de nos aventures exigerait tout un volume, nous restâmes huit jours chez le maître des Indiens et nous y fûmes bien traités. Après nous être remis de toutes nos épreuves, nous lui achetâmes un canot, il nous donna trois Indiens pour le diriger, et, après deux jours de navigation, nous arrivâmes à Berbice, colonie hollandaise qui était alors en la possession des Anglais. Ceux-ci nous reçurent bien. Outre mon argent, je n'avais plus qu'une veste de coton, un pantalon qu'on m'avait prêté et une chemise ; je n'avais ni bas ni souliers. A Berbice, mourut M. de Nève, curé de Westcapelle, épuisé par les fatigues. Nous nous rendîmes ensuite à Demerary, autre et plus importante ville hollandaise, appartenant également aux Anglais. Nous y arrivâmes le 6 juin 1799. Nous restâmes à l'hôpital jusqu'au 1er juillet et y fûmes parfaitement traités. Le ministre protestant, dit le Dominé, en anglais local, voyant, notre malheureuse situation, nous donna des vêtements, de la toile, et, en outre, plus de 25 guinées à chacun. Pour secourir les malheureux les Anglais n'ont pas de rivaux. Le 1er juillet 1799, nous partîmes de Demerary à bord d'un navire anglais ; après avoir essuyé plusieurs tempêtes, nous débarquâmes le 22 août à Liverpool. Nous n'étions plus que huit : le curé de Zwyndrecht, près d'Anvers (Michel Cop) était mort pendant le voyage. Le 7 septembre, nous partîmes Londres, où nous arrivâmes le 9, bien portants, ainsi que nous sommes encore, Dieu merci..."