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François Iglesis (1812-1873)
Curé de Mosset de 1856 à 1862
Né en 1812, ordonné en 1857.
A Eus de 1851 à 1856
A Olette de 1862 à 1869
A Olette comme procuré desservant en 1869 depuis 1862. (Bibliothèque diocésaine - Ordo)
Se plaint de son salaire (Bibliothèque diocésaine - Liasse Olette - Documents 33 à 38)
A Mosset de 1856 à 1862
" Homme d'initiative et d'une rare énergie, Monsieur Iglesis fut choisi par ses supérieurs pour occuper le difficile poste de Mosset. Après avoir fait ses adieux à ses bien-aimés paroissiens d'Eus (1851-1856), il vint prendre possession de sa nouvelle paroisse le 1er mars 1856.
Il convoqua les paroissiens à la petite chapelle de Coma Gelada, qu'il avait fait restaurer passablement pour y célébrer les services divins et s'occupa sérieusement de son église paroissiale en ruines. Grâce au concours empressé du Conseil Municipal, un emprunt de 12000 francs fut effectué et on mit aussitôt la main à l'œuvre.
La voûte entière fut refaite à neuf. Les murs réparés, les chapelles et les autels restaurés. Tout occupé de ses grands travaux, le curé Iglesias, rempli d'un sain zèle, n'oubliait pas que le temple le plus agréable à Dieu est le temple de l'âme du chrétien ; aussi travaillait-il avec une ardeur exemplaire à introduire la dévotion dans l'esprit et le cœur de ses paroissiens. Il y parvint jusqu'à un certain degré. Et quand il aurait pu jouir du fruit de ses victoires, des animosités regrettables le forcèrent à demander son changement nécessaire. Il fut nommé procuré d'Olette."
(Archives de la mairie de Mosset - Liste des curés et des vicaires qui ont administré l'église de la paroisse de Mosset de 1407 à 1944 - Rédacteur Joseph Sobra, curé de 1862 à 1866.)
Procès verbal de la composition du bureau des Marguilliers du 1er juin 1856
" Nous, soussignés Julien Roquefort, Isidore Ruffiandis et Sébastien Cantié, membres de la Fabrique de l'église de Mosset, désignés par le conseil de la dite Fabrique, dans sa séance du 1er juin 1856, réunis au presbytère, sous la présidence de Monsieur Iglesis François, curé desservant de la dite paroisse à l'effet de nommer un Président, un trésorier, avons nommé :
Président le Sieur Sébastien Cantié,
pour trésorier le sieur Julien Roquefort et
pour secrétaire le sieur Izidore Ruffiandis, lesquels ont été de suite proclamés et installés, chacun dans la charge qui lui est dévolue. " (Archives de la mairie de Mosset -Administration de l'église.)
Lettre sans date du conseil municipal de Mosset à Monsieur l'Abbé Chastel à Paris, demandant " d'élever à jamais une barrière d'airain entre eux et l'orgueil ultramontain."
"Le Conseil Municipal a par délibération de ce jour manifesté le vœu de voir cette commune desservie par un ministre de l'église française. Vous assurant d'avance que ce ministre trouvera dans cette commune, qui compte une population de 1300 âmes, bon accueil et respect, une maison presbytérale ou il sera convenablement logé et un casuel plus que suffisant pour vivre dans une honorable aisance." é le maire " François de Massia " (Ce qui est incompréhensible, de Massia, ayant été maire de 1828 à 1833 et Iglesias curé de 1856 à 1862. Le maire est Maurice Corcinos de 1856 à 1860 puis Isidore Ruffiandis de 1860 à 1862. Notons que dans le jugement du charivari qui suit apparaît Émile de Massia (1829) de Molitg frère d’Edouard maire de Molitg"
Charivari
Lettre de M. Iglesias du 15/05/1858 au sous-préfet
"Dans la nuit du 14 au 15 et du courant mois, quelques hommes se sont présentés à la porte de la maison curiale pour y chanter une chanson pleine d'insolence. La même insulte a été faite, à la même heure, au trésorier de la fabrique (NDLR : Julien Roquefort (1803-1880) était, en 1856, secrétaire de la fabrique). Hier au soir encore, en sortant du chapelet, la même chose s'est renouvelée avec une effronterie sans égale, dans la place qui avoisine l'église et le presbytère. Sous un gouvernement aussi juste et aussi équitable que celui de notre immortel Empereur, un tel scandale ne peut pas rester impuni. Sa grande âme serait indignée si une pareille impudence restait sans châtiment.
Quatre ou cinq coupables sont déjà connus. Le frère du maire [Le maire est Maurice Corcinos, le frère concerné est Etienne] est dit-on à la tête de ce désordre. La conduite dont il est accusé aujourd'hui, il la déjà tenue autrefois à l'égard de mon vénérable prédécesseur. Il est nécessaire que ceci finisse aussi. J'ai la douce confiance qu'une forte leçon leur soit donnée et que vous voudrez bien défendre et protéger la cause de l'ordre.
Par le même courrier, Monseigneur, est avisé de ce qui se passe à Mosset.
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Iglesias " (ADPO 2V32)
Procès verbal du commissaire de Police du canton de Prades du 05/06/1858
Le curé a remis une copie de la chanson en langue catalane et a déclaré "La dite chanson est une insulte pour moi. "
Six témoins ont été désignés par le curé :
Joseph Rolland, aubergiste [Gaudérique 21 ans ou Jacques son père de 59 ans], chez qui le chanoine a été chahuté par plusieurs individus le jeudi 13, jour de l'Ascension, jusqu'à 10 heures du soir.
Joseph Cortie [né en 1825], cordonnier, qui a déclaré avoir fait partie du charivari et a signalé plusieurs individus qui avaient chanté avec lui. (ADPO 2V32)
Déclaration du curé desservant : " J'ai reconnu François Laplace, cela m'a étonné car c'est un jeune homme qui a des principes très religieux. Au reste ce jeune homme chantait-il ?
Mais je ne sais pas les paroles de la chanson qu'il chantait. (NDLR : Curieux ? Le commissaire de Police a reçu du curé une copie de cette chanson. Peut-être le curé ne sait pas lire le catalan !)
Un individu disait : " T'en recorderas Catherine ! [Catherine est le nom de la servante du curé.] Je crois que Pares Sébastien, Casimir Gaché, Etienne Dimon et Joseph Bonnerich se trouvaient là par curiosité. Je n'ai que des éloges à déposer aux individus que je viens de dénommer. "
" La chanson a été faite sous prétexte que j'aurais attaqué en chaire la moralité de toutes les filles de Mosset, ce qui n'a jamais été dans mes intentions. J'ai seulement dit que j'exhortais les père et mère d'envoyer les enfants à l'école pour éviter la chute. J'ai dit aussi que certaines filles étaient " pourrabajades " et je n'entendais par là que de parler de certaines familiarités que je voulais empêcher. Le prétexte vient aussi de certaines discussions avec le maire [Maurice Corcinos], la famille Corcinos et la famille Lavila au sujet de choses de l'église.
Il y a plusieurs offres de réconciliation que Monsieur le maire n'a pas voulu accepter. " (ADPO 3U2857 - Tribunal de première instance de Prades - Instruction des affaires)
Déclarations de témoins :
Baptiste Sale (1810), 48 ans, maréchal ferrant :
" Dans la nuit du 13 au 14 mai, j'allais chercher une cruche d'eau et, en passant, je vis un groupe d'individus qui chantaient non devant le presbytère mais sur la place publique " de dal ". Dans ce groupe j'ai vu François Lavila qui tenait une chandelle, Louis Lavila qui tenait un papier.
Émile de Massia (1829), 28 ans, propriétaire à Molitg.
Etienne Corcinos n'a pas chanté, ni Louis Lavila. "
Interrogatoire des prévenus :
Corcinos Etienne, 50 ans, fils de Baptiste et de Françoise Matheu : " J'atteste que je n'ai pas chanté. "
Corcinos Baptiste, 22 ans, propriétaire, fils de Maurice (Le maire) et de Catherine Fabre :
" J'ai chanté… A présent je la comprends, je me repens. Du reste si je l'ai chantée c'est parce que Monsieur le curé en chaire avait déprécié toute ma famille. "
Lavila François, 38 ans, propriétaire, fils de Barthélemy et de Marguerite Climens : " … J'aurais à me plaindre de Monsieur le curé parce que l'an passé, le 24 juin, il dit à mon frère : " homme sans honneur et sans réputation. "
Louis Lavila (1826), 31 ans, meunier marié à Marie Ruffiandis, 2 enfants, fils de Barthélemy et de Marguerite Climens : " Le 14 mai il y avait environ 200 personnes. "
Laplace François (1829-1879), 24 ans, propriétaire, fils de Joseph et de Marie Galaud : " J'ai chanté l'air mais non pas les paroles que je ne sais pas. Monsieur le desservant me dit que j'étais fort compromis et de dire qui m'avait engagé à chanter, promettant qu'on me mettrait en liberté. Je lui ai dit que personne ne m'avait engagé. "
Manaud Isidore (1837-1887), 21 ans, propriétaire, célibataire fils de Jacques et de Mas Rose :
Cortie Joseph (1825), 32 ans, cordonnier fils de Jacques et de Marie Commenge : " Je ne sais pas les paroles de la chansonnette, l'air très peu. Je n'ai fait que murmurer et Not, qui m'accuse, en a fait autant et presque toutes les personnes en ont fait autant. "
Berdier Martin (1836), 22 ans, célibataire, chevrier fils de Baptiste et de Marguerite Radondy : " Si j'ai entendu chanter dans l'auberge après que Rolland l'ait apportée su la table. J'étais avec Dimon. Je n'ai pas chanté ni fait attention à ceux qui ont chanté. "
Biscaye François (1827-1900), 31 ans, meunier, marié à Marie Grau il y a 8 ans, 2 enfants, veuf.
Bonnarich Joseph (1834), 24 ans, fermier, célibataire fils de Sébastien et de Marie Fabre : " J'ai vu Louis Lavila lire la chanson. "
Sarda Hyacinthe (1835), 23 ans, célibataire fils de Joseph et de Marie Estoube : " Lorsque je sortis de l'auberge le 13 mai j'entendis qu'on chantait la chanson et quand je pouvais en pêcher quelques mots je chantais aussi. "
Pares Sébastien (1836), 22 ans, cultivateur, célibataire fils de Gaudérique et de Rose Cantie : " J'étais présent à l'auberge dans l'appartement d'où l'on trouva la chanson. J'entendis la lecture qu'en fit Assens. J'allais vers les lieux où l'on chantait la chanson par curiosité avec Joseph Bonnarich mais ni lui ni moi nous n'avons chanté. Louis Lavila lisait la chanson, Baptiste Corcinos était à côté de lui et chantait. Manaud et Cortie chantaient aussi.»
Hullo Emmanuel (1838), 18 ans, berger fils d’André et de Marie Anne Pascal.
Dalbies Jacques (1840), 18 ans, voiturier fils de Barthélemy et de Catherine Chambeu.
Cantie Bonaventure (1837), 20 ans, cultivateur fils de Joseph et de Rose Chambeu.
Pacouil Joseph (1833-1902), 24 ans, tisserand fils de François et de Marguerite Chambeu : " Je n'ai fait que traverser la place avec Joseph Pares de Prades. "
Gaché Casimir (1840), 18 ans, cordonnier fils de Bonaventure et de Marie Antoinette Payre.
Ville Joseph (1832-1929), 22 ans, cultivateur fils de François Léon et de Thérèse Mestres : " J'étais dans l'appartement Rolland où l'on apporta la chanson, quelqu'un cherchait à la déchiffrer. "
Dimon Etienne (1830-1908), 27 ans, cultivateur fils de André et de Marie Anne Pascal.
Monceu Emmanuel, 22 ans, habite Prades fils de Gaudérique et de Marie Riqué.
Mestres Nicolas (1833-1914), 25 ans, propriétaire, célibataire fils d’Isidore et de Marie Anne Botet.
Escanyé Sébastien (1836), 22 ans, tailleur, célibataire fils de Jacques et de Marie Porteil.
Extrait du jugement
" Par jugement du 10/06/1858 par le tribunal de première instance de l'arrondissement de Prades, en séance correctionnelle sur les poursuites de Monsieur le Procureur Impérial d'une part et d'autre part : … suivent 23 noms…
Ont été déclarés coupables d'outrages envers M. le desservant de la commune de Mosset en raison de ses fonctions ou de ses qualités et condamnés chacun par corps à 25 francs d'amende :
Corcinos Baptiste (1836) 22 ans, fils du maire Corcinos Maurice (1804-1863),
Lavila Louis, (1826) meunier. (ADPO 2V32)
Ont été déclarés coupables de bruits, de tapage injurieux et nocturne de nature à troubler la tranquillité et condamnés chacun à par corps à 11 francs d'amende :
Lavila François (1824 - 1879), propriétaire,
Manaut Isidore (1837-1887), propriétaire,
Cortie Joseph (1825), cordonnier,
Biscaye François (1827-1900), meunier,
Bonnerich Joseph Isidore (1834), fermier,
Sarda Hyacinthe (1835-avant 1902),
Ont été déclarés coupables de la même contravention et condamnés par corps chacun à 5 francs d'amende :
Hullo Emmanuel (1838-après 1899), fils d'André, propriétaire,
Dalbies Jacques (1840- ), fils de Barthélemy, voiturier,
Pacouil Joseph (1833-1902), tisserand,
Escanyé Sébastien (1836- ) fils, tailleur d'habits,
Ont été renvoyés des fins de la plainte :
Corcinos Etienne (1806-18...), secrétaire de la mairie, frère du maire,
Verdier Martin (1836-apres 1905), propriétaire,
Parès Sébastien (1836-av 1919), propriétaire,
Cantié Bonaventure (1837-apres 1871), fils de Joseph, propriétaire,
Graner Sébastien (1822-1878)
Gaché Casimir (1840-avant 1929), cordonnier,
Ville Joseph fils (1832-1929), propriétaire,
Dimon Etienne fils (1830-1908), propriétaire,
Monceu Emmanuel fils (1836-apres1894), apprenti maçon,
Mestres Nicolas fils (1833-1914), propriétaire,
Et tous les corps solidairement aux dépens
Signé : Joseph Philip, procureur impérial
Et tous par corps solidairement aux dépens.
Signé Joseph Felip, Procureur Impérial " (ADPO 2V32)
Lettre du 14/06/1858 du commissaire au sous-préfet après le jugement :
" Je pense que vous ne pouvez et que vous ne devez avoir l'entière confiance de Monsieur Corcinos pour Administrer la commune. Ce n'est pas lui qui est maire, tout le monde vous le dira, mais bien son frère, Etienne Corcinos, qui fait beaucoup de mal à la commune. " (ADPO 2V32)
La chanson traduite (ADPO 2V32)
Nous chanterons les merveilles
De ce mauvais corbeau
Qui nous casse les oreilles
De mauvaises paroles des Sarda
Sarda crie la sentence
Homme de bien ne peut être
Sarda cochon par ta présence
Nous découvre ta foi
Tu n'entends faire que des religieuses
Et les hommes te font peur
Mais attache toi bien les souliers
Car tu es dans un pays nouveau
Où on ne mange pas de la paille
Nous connaissons ton intention
Et nous voyons que tu es une canaille
Qui vend la religion
Les demoiselles chevronnées
Qui montent ton sérail
Vers toi marchent fougueuses
Comme les poules vers le coq
Priasse te donne la courage
Pour pouvoir les contenter
Tu resteras sans capture
Quand tu serais bouc et bélier
Un seul mot de la Catherine
Qui est la prunelle de tes yeux
Elle est une rose qui épine
Et tu lui frottes la moelle
Mauvais sujet qu'elle rencontre
Pour un corbeau damné
Elle ne craint point la mitraille
Ni aucune sorte de combat
Malgré ça n'aie pas tant de fierté
Ignorant et orgueilleux
Tous ceux que tu ravales
Se mouchent à tes sermons
Apôtre de basse classe
Plus sot qu'il ne paraît
Prêchant à ta place
En paroles de portefaix
De ta bouche infernale, injuriante
Iest une poline morale
Qui ne convertit personne
Courage, tes boutades
Viennent toutes de la cour
De ces abandonnées
Qui occasionnent ton malheur
Grand Dieu ! Quelle doctrine
Nous voyons corrompre le monde
Et martyr de Palestine Y
Rebelle par de tout son fruit
Fuyons d'un coup misérable
Qui tout en nous parlant de Dieu
Tout entier se donne au diable
Fuyons tous, si vous me croyez
.
.
Original en catalan
Cantarem las maraveilles
D'aqueil Brout d'escourbas
Que nous trinque las oreilles !
Tout babous des Sarda
Sarda crida la sentacia
de ber no pot ser
Sarda porc per la teu presencia
Nous dessales la teu feix
Tou nou bas far qua bayates
Y lous hommes te fan pou
Mas corde te las sebates
Es dins oun pays tout nou
assi nou se menge pailles
ta couneichim l'intentiou
Sebeu ques oun canailles
Que te benes la religiou.
Las donzeilles chavrounades
Que mounten lo teu serail
A tou courren affougades
Comme las guellinnes al gail
Priasse te doungui force
Per aicho contentar
Ne resteras sensa amorce
Quand series bouc y marra.
Oun sol mot de la catherine
QQues la mire del teu ouil
Es oune rose quaspine
Y tou lis fragues la mouille
Pillart quine troubaille
Per oun escourbas demnat
Elle nou creing la mitraille
Ny cap sorte de combat.
Per aicho no tinguis tant dales
I Ignorant y orgouillous
Tout aquellous que tou revales
Se mouquen als teus sermous
Apostoul des baiche classa
Mes sot que no pareix
Predicant à la place
En llengue das portefeix.
De la teu bouque infernale injouriante
Nes oune pauline morale
Que nou converteix dingous
Couratgetes boutades
Toutes benen de las court
D'aquaixas abandonnades
Que feran lo teu malhour
Grand deu quine doctrine
Beyem corroumpre lo moun
Y marthyr de palestine
Rrebelle gras de tout soun frouit
Fougim d'oune cop miserable
Que tout nous parlant de deu
Tout enter se donna al diable
Fougim touts si me creyou.