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Rigobert Roca (1805-1883)
Curé de Mosset en 1835
Roca Pereguin Celce Rigobert est né à Prades, fils de Vincent Roca, apothicaire et de Rose Lavall. Il descend par sa mère de François Compte viguier du Conflent et du Vallespir de 1734 à 1774 et de Joseph Bordes batlle de Prades.
Son frère François (1837-1908) choisira, lui aussi, la carrière ecclésiastique.
Prêtre le 08-07-1828
Vicaire à la cathédrale de Perpignan le 01-08-1828
Curé de Mosset le 05-08-1935 où il ne reste que 5 mois.
Curé de Ria le 01-11-1835
Sort du diocèse en 1836
Curé de Rodès le 07-08-1842
Curé de Saint Estève le 01-10-1845
Curé de Sorède le 09-06-1848 (ADPO 1V34)
Aumônier du collège le 28-10-1854
Retiré à Prades en 1861 (Diocèse de Perpignan)
Nommé, par son frère François Roca, chanoine honoraire et curé de Prades, à Rodez le 2/07/1841. (ADPO 1V34)
Nommé à Sorède le 01/06/1848.
Hommes nés dans les PO et occupant un rang élevé au 14/06/1854. Roca, curé de Prades, très légitimiste, famille royaliste en 1815. (ADPO 2M75)
Décès le 07-04-1883 Roca chanoine à Prades, 78 ans, né en 1805. (Bibliothèque diocésaine - Ordo)
Curé de Mosset
"Au mois de juillet 1835, Monsieur Rigobert Roca vint prendre possession du poste auquel ses supérieurs l'avaient nommé. Avant de venir à Mosset, le jeune curé avait occupé avec éclat la place de vicaire à la cathédrale de saint Jean Baptiste de Perpignan, où il avait été très aimé et très suivi dans ses sermons L'ennui s'empara de l'âme du jeune curé isolé sur cette montagne. Après trois mois, il quitta le ministère évangélique pour se livrer à l'enseignement des lettres.
Le curé démissionnaire Climens fut chargé de la paroisse jusqu'à la nomination d'un nouveau curé." (Archives de la mairie de Mosset - Liste des curés et des vicaires qui ont administré l'église de la paroisse de Mosset de 1407 à 1944 - Rédacteur Joseph Sobra, curé de 1862 à 1866.)
Lettre de l'abbé Rigobert Roca de Mosset à l'évêque du 21/08/1835
" J'ai le cœur et les yeux pleins de larmes de ce que je vais vous dire.
Il me semble, Monseigneur, que mon sacrifice est consommé. J'ai obéi sans réplique comme sans réflexion. Je n'ai pris conseil que de l'abnégation de soi-même mais je n'en puis plus.
Je sis avec deux sœurs qui se désolent et qui, au prix de leur vie, ne me quitteraient pas si je persistais à rester ici luttant contre l'ennui et la tristesse dont serait longtemps la source une si brusque rupture avec des mœurs et des habitudes si différentes de celles que je devrais prendre sur cette montagne. J'aurais la douleur de voir mes sœurs tomber malades dans un pays qui n'offre aucune ressource. L'une d'elles qui a été travaillée d'une maladie dangereuse dans la tête a déjà subi une sensible altération, soit par l'impression du présent, soit et, encore plus, par l'idée de la triste existence qu'elle voit devant elle. Moi-même, le l'avoue, j'éprouve ce que je n'avais pas encore senti, un invincible abattement, et je n'ai personne pour me consoler.
L'effort de ma volonté ne soutiendrait pas ma nature. Je ne sortirais pas de ce rude combat, je me dirais vaincre ou mourir si une absolue nécessité m'imposait ma situation. Mais certes, Monseigneur, je ne penserais jamais que dans votre cœur paternel il n'y ait pas une place à la bonté complaisante.
Monseigneur, j'ai été saturé d'humiliation, je ne le dis pas pour m'en plaindre, je n'en ai jamais murmuré. Et Dieu m'est témoin, que la charité qu'il a mise dans mon cœur, ne souffre pas d'exception pour qui que ce soit.
J'ai aussi été le but des traits de la calomnie et je ne me suis pas justifié. Mais ce qui m'a été le plus sensible, c'est que ces coups m'avaient été donnés, soit par des personnes à qui j'ai fait du bien, soit même par des mains qui au lieu de m'abattre, auraient dû me soutenir. A peine si j'ose laisser tomber de ma plume les mots que je vais dire, mais j'écris à mon Évêque, à mon père. C'est que jamais, je peux bien l'assurer, je n'ai pris la moindre consolation dans une pensée sortie de la bouche de Monsieur Birotteau et plus tard redite par Monsieur Naudo, c'est que la jalousie se travestit de toutes les manières pour perdre celui qui en est l'objet.
(Note : deux vicaires généraux de Monsieur l'Évêque.)
Monseigneur, mon dessein, c'est de me retirer.
Je ferai dans ma condition privée, tout le bien qui sera en mon pouvoir. Je vous supplie très humblement d'agréer ma démission. Je quitte cette paroisse aujourd'hui même, avant de n'avoir eu aucun rapport avec les habitants. Une positon aussi précaire m'y serait insoutenable. Votre grandeur pourvoira à mon remplacement et Monsieur l'ancien curé (Joseph Climens 1764 1845) sera là pour les cas de nécessité.
Je me retirerai dans quelques temps chez mon frère aîné à Perpignan, les pressantes instances qu'il m'a faites ne m'en seront nullement le motif." (Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades - Document N°15)
Lettre de l'abbé François Roca, curé de Prades, frère de Rigobert, à l'évêque du 21/08/1835
" Mon frère, malgré toute la violence qu'il peut faire, ne peut plus tenir au poste qui lui a été désigné. J'ai moi-même, été frappé de stupeur lorsque j'ai été l'accompagner à Mosset. Je pouvais à peine retenir mes larmes en voyant dans quel affreux pays était relégué mon frère, qui depuis l'âge de 14 ou 15 ans avait ses habitudes à Perpignan. Surpris de le voir arriver à 7 heures du soir, je me hâte de supplier humblement votre grandeur de recevoir favorablement sa démission. Je n'ai pas le courage de lui faire de plus larges instances pour l'engager à rentrer à Mosset tant je le vois accablé. D'ailleurs une personne, de Mosset bien entendu, assure que le climat trop fort ne convient pas à son faible tempérament. " (Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades - Document N°16)
Lettre de l'évêque à l'abbé Rigobert Roca du 22/08/1835
" J'ai reçu, Monsieur, votre lettre du 21 du courant. Je la garde soigneusement comme un monument d'insubordination inouïe. Elle est encore la preuve d'une légèreté et d'une insouciance dont je ne vous aurais jamais crû coupable. Beaucoup d’ecclésiastiques de mérite ont été placés dans des succursales après avoir exercé longtemps la fonction de vicaire à saint Jean. Ils n'ont jamais quitté leur poste sous le prétexte d'une si brusque rupture avec des mœurs et des habitudes si différentes de celles qu'ils devaient prendre avec les bons habitants des campagnes. Ces prêtres auraient rougi de mettre en avant des motifs, je ne dirai pas non seulement opposés à l'esprit de sacerdoce mais encore aux simples sentiments du chrétien. Ils agissaient pour Dieu et n'ont pas voulu prouver qu'ils n'auraient jamais du occuper des postes importants.
Si vous êtes fondé dans vos prétentions, votre évêque, à tord, et en acceptant votre démission il se respecterait aussi peu que vous vous respectez vous-mêmes. En la donnant vous osez marquer que vous quittez à l'instant le poste que je vous ai confié avant même de n'avoir eu aucun rapport avec les habitants de Mosset.
Vous ajoutez " votre grandeur pourvoira à mon remplacement. " C'est sans doute un de ces moments de l'exaltation romanesque qui vous avez fait perdre de vue le pouvoir du devoir ecclésiastique que vous avez osé trouver ces lignes d'insubordination.
J'ai gouverné plusieurs diocèses et jamais un pareil acte n'est venu m'attrister en faisant à mon cœur une plaie aussi profonde.
J'aime à croire que des idées plus calmes succéderont à une effervescence qui vous perdrait, entreront dans l'esprit du prêtre par les conséquences qui en seraient irréparables.
Vous pourriez arriver à Perpignan que chargés des censures encourues par une désobéissance des plus scandaleuses.
……..
Vous devez être effrayé, Monsieur, de la profondeur de l'abîme où vous avez voulu vous jeter. Si vous êtes assez insensé que de vous y précipiter, je vous garantis que je ne vous en retirerai pas." (Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades - Document N°17)
Lettre de l'abbé Rigobert Roca à l'évêque du 24/08/1835
"J'ai eu le plus grand tord d'abandonner le poste que Votre Grandeur m'avait assigné avant d'être délié par vous-même. Je demande pardon de ma faute à Dieu, à Votre Grandeur et à quiconque aurait pu en être scandalisé. Pour la réparer, je pars aujourd'hui même à Mosset." (Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades - Document N°18)
Lettre de l'abbé François Roca, curé de Prades, frère de Rigobert Roca, à l'évêque du 27/12/1835
" La santé de mon frère se rétablit très lentement. Les marguilliers de Ria disent que mon frère a pris possession de la succursale de Ria.
Mon frère aîné que son emploi retient à poste fixe à Perpignan le presse depuis longtemps d'aller terminer sa convalescence chez lui.
Je sais que des gens de Mosset ont publié que sa maladie provenait de courses qu'il avait faites sur la montagne et de la pluie qu'il avait du endurcir pendant toute la nuit. Il est vrai que mon frère, pour se distraire, pour faire un peu diversion à l'ennui mortel qui l'accablait, a fait un voyage à Caudiès. Il s'est quelque peu promené sur la montagne.
Pour moi, je crois que le climat de Mosset, assurément bien différent de celui de Perpignan et de celui de Prades, a influé beaucoup pour l'affaiblissement de sa santé et ce qui lui a fait encore plus de mal, ce sont les peines morales. Rigobert est d'une sensibilité extraordinaire. Une parole le bouleverse mais il sait se faire violence. Il a su les bruits affreux que l'on ferait courir à Perpignan, à Prades et à Mosset même à l'occasion de sa disgrâce. Tout cela lui a monté l'imagination d'une manière extraordinaire. Il était souvent triste et rêveur. Quelques paroles d'encouragement de la part de ses supérieurs lui feraient le plus grand bien. "(Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades - Document N°19)
Certificat médical du 13-01-1836 :
" Docteur Ribell, docteur en médecine de la faculté de Paris, certifie que Monsieur l'abbé Rigobert Roca, soumis à mes soins depuis le 08-01-1836 par suite d'un rhumatisme aigu et général dont il a ressenti les premières atteintes et le développement ailleurs qu'à Perpignan …"(Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades - Document N°20)
Lettre de l'abbé Rigobert Roca à l'évêque du 16-01-1836 à Perpignan :
" La maladie que j'ai essuyée et dont mon frère, curé de Prades, vous avait donné connaissance, me fait encore ressentir ses fâcheuses suites. Je me suis rendu dans votre ville épiscopale où je suis arrivé le 8 du courant pour y chercher, dans le changement d'air et une température plus douce, le rétablissement de ma santé délabrée. Mon état d'infirmité ne me permet pas de remplir encore les fonctions curiales dans le poste que votre grandeur m'a assigné, et afin que j'évite la peine de la suspense portée par l'ordonnance latine qui m'oblige à rentrer dans ma paroisse après 15 jours d'absence, et si mes forces me l'avaient permis je me serai présenté moi-même à votre Grandeur pour lui faire cette demande.
Je suis logé chez mon frère receveur de l'enregistrement et des domaines. " (Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades - Document N°21)
Lettre de l'évêque à l'abbé Rigobert Roca du 26/01/1836 :
" Vous savez, Monsieur, que j'ai été étranger à votre voyage à Perpignan, et que, contre les règles les plus ordinaires d'une juste subordination, vous l'avez effectué comme croyant n'avoir aucun besoin d'obtenir mon autorisation, avant de l'entreprendre.
Chargé, Monsieur, comme premier pasteur, de maintenir, autant qu'il est en moi, les droits spirituels de vos paroissiaux, je ne peux que vous renvoyer, Monsieur, quant à présent, à votre conscience pour ce qui regarde le degré de nécessité ou l'inutilité de votre grand éloignement de Ria.
Je vous salue, Monsieur, bien sincèrement. "(Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades - Document N°22)
Son frère François Roca, curé de Prades, Meurt en 1864 à Prades. Il a fait un testament le 24/10/1861 chez Maître Xatard, notaire à Prades. Il lègue ses biens et rentes à la marguillerie de Prades. Rigobert Roca, curé, fait opposition en 27/07/1864. (Bibliothèque diocésaine - Liasse Prades)
Les curés Roca
Quatre prêtres au moins du diocèse de Perpignan portèrent le même patronyme
au XIXe siècle :
1 - Rigobert Roca (1805-1883)
2 - Bonaventure Roca (1847-1910) ;
3 - François Roca (1837-1908), vicaire général pendant longtemps, frère de Rigobert.
4 - Paul.
Il importe de ne pas les confondre, car cette mésaventure est déjà advenue.
(Un prêtre hétérodoxe : l'abbé Paul Roca (1830-1893) http://www.mediterranees.net/sasl/articles/roca.html
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