Période de 1848 à 1852 - Le chemin de l'Aude - Histoire de Mosset

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Période de 1848 à 1852 - Le chemin de l'Aude

XIXe siècle > 1848 à 1852

Le chemin de l'Aude par le Col de Jau


Le chemin du col de Jau et l’industrie locale
De l’examen des rares délibérations du Conseil Municipal de cette période allant de 1848 à 1852, il ressort, à côté des thèmes habituels, deux préoccupations majeure : l’aménagement de la route de Prades au Col de Jau et la réparation de l’église. Ce dernier projet  sera examiné dans la période 1852 à 1860.

L’économie mossétane est directement dépendante de la voie de communication de Prades au département de l’Aude. Le maire médecin Sébastien Bazinet et ses conseillers considèrent cette voie de communication comme l’objet fondamental de développement à moyen terme de la commune. En 1848, bien que riche de 1300 habitants et d’un immense territoire de 7193 ha, Mosset est une commune pauvre. Son activité industrielle et commerciale présente des perspectives de développement relativement limitées. Le budget communal est toujours étriqué.

Bois

Les chemins vicinaux sont en mauvais état alors que "il faudrait procurer du travail à la classe pauvre de la commune ". Il est proposé "à l’autorité supérieure" d’affecter à l’entretien des chemins la somme de 850 francs à prendre sur les fonds libres.(1)
En France le développement économique est en croissance et va se poursuivre sous l’Empire avec le machinisme, la grande industrie, les chemins de fer, les gros chantiers et le commerce. Le ministère de l’intérieur a ouvert un budget de subventions de 6 millions pour la confection et les réparations des chemins vicinaux. Le 7/10/1848 le Conseil Municipal demande donc au Préfet de faire profiter la commune de cette aide.
Alors que la route de Prades aux Bains de Molitg, classée route départementale, va être aménagée, le maire de Mosset demande son prolongement jusqu’au Col de Jau.
Le 6/11/1848 il révèle sa stratégie, qui peut paraître utopique ou du moins prématurée de nos jours : il  faudra attendre la fin du siècle pour atteindre l’objectif proposé. Le texte qui suit est intéressant, non seulement par le style, mais surtout par ses détails sur l'économie locale.

Lettre au Préfet
"Il serait bien nécessaire que la route départementale de Prades aux Bains de Molitg fût continuée, en passant par Mosset, jusqu’à la limite du Département de l’Aude au Col de Jau. Cette route est d’un intérêt non seulement local mais bien d’un intérêt général.
Le minerai nécessaire à l’alimentation de 8 à 9 forges doit être transporté à dos de mulet et d’âne par des chemins presque impraticables et les forges emploient tous les ans plus de 100.000 quintaux de minerai. (2)
Le transport du bois, provenant des forêts qui avoisinent, se fait également de la même manière, c’est à dire avec grande difficulté, de même que celui du fer fabriqué par les forges.
De plus le département de l’Aude nous envoie tous les ans une grande quantité de planches et cette quantité serait encore bien plus grande si les moyens de transport étaient plus commodes.
Les propriétaires de vignobles et principalement ceux de la plaine trouveraient dans cette route un écoulement plus facile et plus abondant de leurs vins. Cette prolongation de route jusqu’au département de l’Aude étendrait de beaucoup les rapports commerciaux entre ce dernier département et le nôtre.
En facilitant les transports, qui sur la montagne sont toujours plus ruineux pour les propriétaires et pour la santé, elle amènerait l’exploitation d’une grande partie de territoire abandonné comme inculte et donnerait, sans contredit, un peu plus de vie à une population nombreuse condamnée à vivre, sans industrie, sur un terrain montagneux et peu fertile.
Le Conseil Municipal est d’avis de demander que la route départementale de Prades aux Bains de Molitg soit continuée, en passant par Mosset, jusqu’au département de l’Aude
."
Signé par les 10 conseillers présents.

Lettre au Conseil Général
L’année suivante, le 12/08/1849, à l’attention du Conseil Général, le maire reformule sa demande et l’illustre par des éléments économiques plus précis et probablement moins discutables quant aux retombées économiques du désenclavement de la vallée. Soutenu par les conseillers il écrit au préfet
" La réalisation de ce double projet de prolongation de la route sera, sans contredit, le plus grand bienfait dont on puisse doter à la fois une partie du département de l’Aude et le 3e Arrondissement des Pyrénées orientales.. Elles sont toutes douées d’une telle puissance de reproduction qu’elles peuvent, pour ainsi dire, braver longtemps la main de l’homme."

Le martinet
Martinet

Depuis fort longtemps, sans doute, il existe dans les deux contrées limitrophes des éléments variés d’industrie et de commerce , mais le manque de voies de communications et la difficulté des transports ont toujours paralysé leur développement, de sorte qu’ils sont encore aujourd’hui, comme à l’état rudimentaire au point de vue des résultats qu’ils produisent . Personne ne saurait contester la vérité de cette dernière proposition, car, quiconque connaît ces contrées sait parfaitement que l’industrie et le commerce y sont dans un état de souffrance et même de décadence et que tous ces maux reconnaissent la même cause, la difficulté des transports. Maintenant faut-il des détails pour mettre en lumière l’existence de ces divers éléments d’industrie et de commerce dans les contrées qui nous occupent. Hé bien, examinons un instant, ces contrées en détail en suivant approximativement le trajet de ce double projet de prolongation à partir des Bains de Molitg jusqu’à une distance de 3 ou 4 lieux environ dans le département de l’Aude.
Vient d’abord la vallée de Mosset avec son vaste territoire, sa grande forêt, ses 4 forges et 2 scieries.
Franchisant la limite de notre département, nous rencontrons de suite dans le département de l’Aude les forêts dites Salvanère, Lapazeuil, La Caune, le Gravas, le Pontorron, La Resclause et la forêt du Fougas."

Les données sur les forges et scieries énumérées dans le texte ont été rassemblées dans le tableau.
" En tout et y compris les usines de Mosset 13 forges susceptibles de fondre tous les ans 60.000 quintaux métriques de minerai et de fabriquer 20 000 quintaux de fer.

Reprenant les détails puisés dans les 2 contrées limitrophes et les examinant de nouveau, au triple point de vue des améliorations industrielles, commerciales et agricoles qui suivraient de près la réalisation du double projet de prolongation. Nous disons que les voies de communication et les moyens de transport étant facilités et économiques, la plus grande partie du territoire des deux contrées deviendrait plus fertile. Le rapport entre ces dernières s’étendrait, d’une manière large, et généralement, cela procurerait un écoulement facile et abondant des produits agricoles de toute espèce. Les forges de l’Aude qui viennent puiser le minerai dans nos minières du 3e Arrondissement feraient des régions bien plus considérables, fabriqueraient d’avantage et le meilleur fer qu’elles nous enverraient.
Les scieries dont nous ne recevons qu’une certaine quantité de planches dirigeraient la plus grande partie de leurs produits sur notre route départementale.
Enfin toutes les forêts de l’Aude qui fournissent en grande quantité du très joli bois de construction et dont nous ne recevons qu’une fable partie, trouveraient leur principal débouché  dans le 3e Arrondissement des PO. Et qu’on ne dise pas qu’alors toutes les forêts auraient bientôt disparu, ruinées ou détruites par des mains avidement dévastatrices. Ce serait un préjugé. Elles sont toutes douées d’une telle puissance de reproduction qu’elles peuvent, pour ainsi dire, braver longtemps la main de l’homme
."

Forges et scieries en 1848

Lieux

Forges

Scieries

Mosset

4

2

Counozouls

1

3

Roquefort

1

1

Sainte Colombe

1

1

Le Bousquet

 

1

Gesse

1

1

Quillan

1

8

Axat

1

2

Lapradelle

 

5

Gincla

2

1

Montfort

1

5

Total

13

30

Chemin d’intérêt communal
Le 14/5/1852, le Conseil Municipal de Mosset accepte que le projet de prolongation du chemin vicinal de Prades au Col de Jau par Mosset soit classé chemin d’intérêt communal mais il préfèrerait qu’il soit classé chemin de grande communication.
__________________________________________

1 - Conseil municipal du 21 mai 1848)
2 - réduit à 30 000 pour 13 forges l'année suivante dans une nouvelle lettre au Conseil Général.

Jusqu'à 210 mulets traversaient le village chaque jour

60 000 quintaux de minerai peuvent être traités par 13 forges. Avec 4 forges, Mosset peut en traiter le tiers, soit 20 000 quintaux par an, ou 70 quintaux par jour pour 300 jours travaillés par an. Un mulet transporte 1/2 quintal par jour. Donc 140 mulets montaient du Conflent chaque jour pour alimenter 4 forges dont 2 au-delà de Mosset 70 mulets traversaient donc le village chaque jour du Portal de Santa Magdelena au Portal de França.

La calcul précédent est un calcul sur des moyennes. Selon les saisons et les besoins, les transports journaliers pouvaient fluctuer dans d'importantes proportions avec des extrêmes pouvant atteiendre le triple de la moyenne. Ces jous-là, 3 fois 70 mulets soit 210 traversaient Mosset.
Il ne faut pas oublier qu'ils travercesaient en sans inverse, plus ou moins chargés et en particulier pour redescendre le fer brut ou traité et d'autres produits comme le bois, des graines, des pommes de terre.etc  

 
Mis à jour le 13/02/2018
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