Période de 1824 à 1839 - Ecole - Histoire de Mosset

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Période de 1824 à 1839 - Ecole

XIXe siècle > 1824 à 1830

Enseignement à Mosset avant 1834


Sous l’Ancien Régime l’enseignement est sous la dépendance du clergé. Le financement vient uniquement des familles et donc exclue la quasi-totalité de la population. Les petites écoles sont donc présentes surtout dans les villes et sont généralement réservées aux garçons. Mosset fait partie de ces villes mais l’enseignement y est mal organisé. Seules les paroisses de Perpignan et de Prades disposaient de quelques établissements valables fréquentés par les fils des notables, les Matheu, les Corcinos, les Lavila, les Climens etc.
Toutes ces familles, les Corcinos mis à part, ont eu leurs écclésiastiques formés au petit séminaire de Prades ou au séminaire de Perpignan..
"Avant la Révolution, il y avait à Perpignan cinq établissements pour l'éducation de la jeunesse :
l'université : 19 professeurs, 240 élèves,
le collège : 10 professeurs, 260 élèves,
le pensionnat : 3 professeurs, 50 élèves,
l'académie : 5 professeurs, 20 élèves,
le séminaire : 3 professeurs, 40 élèves
." (ADPO 1T36)  

Pendant a Révolution le monopole religieux est remis en question. L’enseignement primaire commence à s’organiser mais ses effets restent très limités en ce qui concerne l’enseignement primaire.


Situation générale au début du XIXe siècle


Durant les premières décennies du XIXe siècle, la situation de la plupart des instituteurs est misérable. L'enseignement ne rapporte bien souvent pas de quoi vivre et le maître d'école s'adonne couramment à une ou plusieurs autres activités. Il peut être en même temps non seulement secrétaire de mairie et chantre de la paroisse, mais aussi greffier, revendeur, barbier ou cultivateur. Ce n'est pas sans raison qu'en 1833 les enquêteurs envoyés par Guizot doivent indiquer, pour chaque instituteur, si celui ci n'exerce pas "quelque autre profession incompatible avec les fonctions de l'enseignement." Avant 1816, les candidats ne sont officiellement requis de présenter aucun titre prouvant leurs connaissances. Le métier d'instituteur, guère considéré et très mal payé, attire surtout des incapables, estropiés, chétifs ou paresseux ; à partir de la loi Gouvion Saint Cyr, promulguée en 1818, il permet d'échapper gratuitement au service militaire. Ainsi le recrutement s'effectue selon des critères en général négatifs. On conçoit dès lors aisément que le niveau moyen des maîtres laisse fort à désirer ; à tout le moins, leur compétence est extrêmement inégale. L'ordonnance du 29 février 1816 oblige, en principe, tout maître d'école à être muni d'un "brevet de capacité" : brevet du 3e degré, pour l'obtention duquel il suffit de savoir lire, écrire et compter ; brevet du 2e degré, qui nécessite la connaissance de l'orthographe et du calcul ; ou brevet du 1er degré, qui suppose en outre certaines notions de grammaire, d'arithmétique et d'arpentage. Ces exigences paraissent bien modestes ; et pourtant, en 1833, "de nombreux instituteurs exercent sans aucun brevet. Au même moment, le brevet du 3ème degré, si fruste, est celui de la majorité des maîtres. Si bien que dans le corps enseignant d’un département, la proportion des enseignants sous qualifiés, aucun brevet ou 3e degré seulement, atteint souvent et parfois dépasse 80 %."
Dans les Pyrénées Orientales, environ les trois quarts des instituteurs recensés à cette époque sont ainsi sous qualifiés : près de 15 % exercent sans brevet et quelque 60 % ne sont titulaires que d'un brevet du 3e degré (ADPO - 2 J 82). La vieille méthode individuelle, selon laquelle le maître fait travailler chaque élève séparément, est encore largement pratiquée en dépit de sa faible efficacité. Elle marque cependant un net recul devant la méthode simultanée, bien supérieure car elle permet d'occuper en même temps tous les élèves d'une classe ou d'une section. Le mode mutuel, enfin, qui consiste à confier des groupes d'enfants à des moniteurs choisis parmi les élèves les plus anciens et les meilleurs, connaît une certaine vogue sous la Restauration. En 1833, encore, dans les Pyrénées-Orientales, 38 % des instituteurs s'en tiendraient à la méthode individuelle, mais 48 % auraient adopté la méthode simultanée et 7 % la méthode mutuelle, les autres pratiquant un système mixte combinant deux méthodes. Signes malgré tout encourageants, l'extension de la méthode simultanée et le débat autour de la méthode mutuelle témoignent sans doute, ici et là, d'une recherche d'organisation pédagogique. (SACL)


Les instituteurs depuis 1778

Craste Paul – Instituteur en 1778 et en 1793

L’instituteur Paul Craste (avant 1756-1797) est originaire d’Arpège  dans l’Ariège. Il a épousé en 1771 à Mosset   la veuve Françoise Climens.

Il est cité par Ruffiandis à la page 66 de Mosset Vielle cité : "En 1778 c'est un laïque qui est chargé d'apprendre à lire et à écrire aux enfants de Mosset. Paul Craste de Serdinya, promu régent, reçoit    à cet effet 165 livres par an ; un jour, fatigué de réclamer son dû, il se retire dans son village natal après avoir adressé une plainte au viguier du Conflent. Celui-ci connaissait probablement par expérience le bien fondé de    la réclamation, ordonne aux consuls de payer dans les huit jours, faute de quoi ils seront contraints par une saisie de leurs meubles."

Quinze ans plus tard et pour la même raison, il est cité dans les archives de la Justice de Paix à Mosset le 9 décembre 1793 (19 frimaire an II)
"Sur l'exposé à nous fait par le citoyen Paul Craste qu'il lui est dû, par la commune de Mosset, 55 livres 13 sols 4 deniers pour entier payement de ses gages de Régent des enfants de la ville commune.

C’est pourquoi Paul Craste demande que la municipalité de Mosset  soit tenue à lui payer 55 livres 13 sols 4 deniers. Nous citons la municipalité de Mosset et pour elle le citoyen Joseph Estève (1761-1837) son procureur  à comparaître devant nous en notre demeure le jour de jeudi prochain 22 frimaire (12 décembre)  à 8 heures du matin."
Signé : Maurice Matheu, Seguy Greffier (ADPO 100EDT48)

Paul Craste Instituteur

Roquelaure Baptiste – Instituteur en 1795


Baptiste Roquelaure, instituteur, apparaît dur les états de comptes de recettes et dépenses de Mosset en 1795. (
ADPO L 1405)

Jauze Mathieu – Instituteur en 1801


Le 15 août 1801,
"Napoléon signe avec Pie VII le Concordat qui, complété par les articles organiques, réglera pour cent ans les rapports de la Nation française et de l'Église catholique. Le décret du 17 mars 1808 (art. 38) indique que les écoles devront prendre pour base "les préceptes de l'Église catholique."

Jauze Mathieu Instituteur en 1801

"L'enseignement primaire est entièrement abandonné aux Frères des écoles chrétiennes chargés de former des instituteurs  (art. 109, décret 1808). L’État ne dispose pas d'une administration pour contrôler l'instruction primaire et beaucoup de communes n'ont pas d'écoles. Mais les évêques perdent déjà certains pouvoirs au bénéfice  des recteurs."


L’enseignement en 1802

"Il y a aujourd'hui à Perpignan [1802 ou An X] une École Centrale et deux pensionnats, il y a aussi un pensionnat à Prades. Le pensionnat à Prades a cinq professeurs  et 100 élèves.
On enseigne dans les pensionnats les langues, les belles-lettres, la géographie, l'histoire, les mathématiques, l'histoire naturelle. Il doit y avoir dans le département 52 écoles primaires. La totalité des élèves qui fréquentent  l’école primaire ou de communes s'élève à près de deux mille. Il y a moins de ressources pour l'éducation des jeunes personnes du sexe. Aujourd'hui on compte dans le département sept ou huit institutrices qui ont ensemble  80 ou 100 élèves." (ADPO 1T36)  


A Mosset, le nouveau Maire, Isidore Lavila (1758-1825), a une vus claire de la situation et propose des solutions au sous-préfet dans sa lettre du 23.7.1800 (4  thermidor an VIII)
"L'instruction publique est entièrement négligée dans cette commune. Depuis longtemps elle est sans instituteur. Les pères et mères ne connaissant pas par eux-mêmes le prix attaché à l'instruction, qui joint à  l'intérêt particulier, refusent de sacrifier pour leurs enfants un salaire honnête qu'ils devraient donner à un instituteur, et ils préfèrent qu'ils restent toujours dans l'ignorance. Le seul moyen à prendre à présent pour faire  revivre l'instruction publique, serait, il me semble, de demander au gouvernement de faire accorder un fonds par le trésor public, ou permettre à l'Arrondissement communal ou à chaque commune, d'imposer au "marc le franc (1)
" sur les rôles des contributions une somme fixe de deux à trois cent francs. Elle serait destinée au salaire de chaque instituteur et le restant serait supporté par les élèves qui fréquenteraient les écoles,  à l'exception de ceux qui seraient reconnus indigents, qui devraient être exemptés de ce payement.
Je crois que cette mesure réussirait pour encourager des pères à faire instruire leurs enfants, surtout lorsqu'ils ne devraient pas payer une forte somme aux instituteurs.". (2OP2254)
(1) "Marc le franc"Le "marc" était une très ancienne mesure servant principalement à peser  les métaux précieux. A une époque où les monnaies étaient souvent manipulées, leur poids en argent était donc essentiellement variable selon les besoins financiers des monarques qui les émettaient. Leur valeur était appréciée  par les marchands et par les banquiers par rapport à la valeur du marc d'argent. De nos jours, lorsqu'une vente forcée ne permet pas de désintéresser tous les créanciers d'un même débiteur, l'autorité qui procède aux règlements  remet à chacun d'eux un pourcentage du montant de sa créance calculée en fonction du rapport entre la masse totale du passif et le produit net de la vente. Dans le jargon judiciaire, ce procédé est appelé une distribution "au marc le  franc".


Le maire Isidore Lavila (1758-1825) met ses actes et ses idées en conformité. Le 27 septembre 1801 (5 vendémiaire an X) il écrit :
"Le maire de la commune de Mosset,  d'après la bonne conduite, la moralité, le zèle avec lequel le citoyen Mathieu Jauze de la commune de Saurat, Ariège, demeurant dans cette commune depuis 2 ans, s'est conduit et particulièrement depuis 7 mois qu'il fait les  fonctions d'instituteur de la commune, ainsi qu'il est reconnu par le progrès des élèves qui ont fréquentés son école. Je nomme le dit citoyen Matheu Jauze pour remplir les fonctions de secrétaire de la mairie, en lui  attribuant le traitement de 150 francs par an, ainsi qui a été fixé par le conseil municipal, moyennant que le dit Jauze continuera de remplir les fonctions d'instituteur et se faira approuver par le sous préfet d'après l'avis  du jury d'instruction de cet arrondissement conformément aux lois y relevant." (ADPO 100EDT37)

L'accord du jury sera obtenu le 30 septembre 1801 (8 vendémiaire an X).


Lafon – Instituteur en 1820


"L'ordonnance du 29 février 1816 prévoit que chaque commune est "tenue " de pourvoir à ce que les enfants qui l'habitent reçoivent l'instruction  primaire, et les indigents, gratuitement.
A partir de 1816, maire et curé sont chargés de la surveillance au sein de comités locaux, cantonaux ou d'arrondissement. En 1824, les instituteurs sont placés sous un contrôle accentué des évêques. Les élections libérales  de 1827 permettent de replacer les instituteurs sous la coupe des autorités académiques. "

Lafon
ne respecte pas la règle, l’enseignement du latin est le monopole du clergé. Les forces religieuses ne peuvent s’opposer à un enseignement primaire laïque mais elles ne tolèrent aucune emprise au delà.
Le 10/11/1820, le recteur d'Académie écrit au maire (Julien Prats) de Mosset :
"Je suis informé que le Sieur Lafon, instituteur primaire dans votre commune dépasse les bornes de l'enseignement primaire en se permettant d'enseigner  dans son école les éléments de la langue latine. C'est une contravention aux lois et règlements de l'université.
Je vous prie de vouloir bien donner ordre à cet instituteur de cesser sur le champ toutes espèces d'enseignement des langues  anciennes et s'il n'obtempérait pas à vos ordres de vouloir bien me le faire connaître, auquel cas je ne manquerai  pas de révoquer son autorisation spéciale
."
Cette interdiction d’enseigner s’est répétée dans les années 1850 à l’encontre du très catholique André Vernet. Voir le paragraphe
latin interdit .

L’enseignement privé à Mosset de  1824 à 1834


Mosset dispose probablement de 2 écoles privées autour des années 1830. Julien Cantié (1791) est instituteur dans la première et Joseph Saint-Sartou dans la seconde.

Cantie Julien en 1813 Instituteur

Julien Cantié est célibataire âgé de 40 ans en 1830. Il possède 2 maisons l’une au 12 Carrer de la Font de las Senyoras  et l’autre au 12 Plaça de Dalt. Son école est dans une des deux. Il est le frère de Joseph Cantie (1796-1867), officier de santé, et l’oncle de Benjamin Cantié (1842-1900), médecin et maire de Mosset  avant 1900. Ils appartiennent à des familles catholiques et pratiquantes. Julien Cantié recevait en moyenne une dizaine  d’élèves non pensionnaires. Il semble  que Julien Cantié ait enseigné à Mosset de 1825 jusqu’’au-delà de 1839. Sa moralité est incontestée mais il manifeste peu de zèle et de capacité.

Joseph Saint-Sartou est plus âgé, il est né en 1771 et va donc atteindre la soixantaine. Il est marié, a un enfant né à Mosset, il n’est pas  de Mosset mais y habite depuis plusieurs années ; en 1806 il était déjà secrétaire   de mairie. Son brevet de capacité (du 3e degré), indispensable pour enseigner, et son brevet élémentaire ont été obtenus en 1818 et donc  à l’âge de 47 ans. Il semble avoir quitté Mosset vers 1844, n’ayant pas  été  choisi en 1834 comme instituteur communal. (ADPO 1T37)

Saint Sartou Joseph en 1805 Instituteur

Pour être instituteur privé il faut avoir non seulement le brevet de capacité mais aussi des locaux adaptés. A ce titre on peut lire "La commune  possède une ancienne chapelle qu'on pourrait convertir en salle d'étude pour une    école d'enseignement mutuel "
L’instituteur recevait des parents 3 francs par mois et par élève, ce qui ne fait que 30 francs pour 10 élèves.
A quoi correspond le brevet de capacité ?
"L'ordonnance du 29 février 1816 oblige en principe tout maître d'école à être muni d'un " brevet de capacité " : brevet du 3e degré, pour l'obtention duquel il suffit de savoir lire, écrire et compter ; brevet du 2e degré, qui nécessite la connaissance de l'orthographe et du calcul ; ou brevet du 1er degré, qui suppose en outre certaines notions de grammaire, d'arithmétique et d'arpentage. Ces exigences paraissent bien modestes     ; et pourtant, en 1833, « de nombreux instituteurs exercent sans aucun brevet.

Les écoles privées de garçons n’ont pas eu beaucoup de succès à Mosset après l’ouverture de l’école publique en 1834. Auguste Bordes et Julien Cantier (1790) ont 13 et 12 élèves. Se ne sont pas des instituteurs suffisamment formés et suffisamment motivés. Ces écoles fermeront avant 1843.

 
Mis à jour le 13/02/2018
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