La forêt et Cobazet - Histoire de Mosset

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La forêt et Cobazet

XIXe siècle > 1871 à 1900

La forêt de Mosset entre 1861 et 1883
De l'exploitation du bois à celle du Caillau
De Rémy Jacomy au Baron Chefdebien


Rémy Jacomy (1818-1889)

Rémy Jacomy a été à Mosset un acteur important du monde économique entre 1860 et 1883. Depuis 1850 il est un des gérants de la Société des Forges de Ria qui devient en 1859 la Société des Forges et Hauts Fourneaux de Ria. (François Lapassat - Conflent n°129 - 1984). En 1861, il achète aux descendants des d'Aguilar les forêts des hauteurs de la Castellane dont il veut exploiter le bois et le charbon de bois qui y est produit.
Son activité d'entrepreneur, en dehors de Mosset, est commentée dans l'article d'Edwige PRACA et Madeleine SOUCHE, article paru en octobre 2004 : Industrie métallurgique et protestantisme dans les Pyrénées-Orientales : l’exemple des sociétés Holtzer à Ria 1859-1909 dont une partie est reprise ci-après.
"Bachelier, maître de forges autodidacte, sans fortune personnelle mais longtemps soutenu par la banque Durand de Perpignan, Rémy Jacomy (1818-1889) figure au début du Second Empire comme un véritable capitaine d’industrie. Rassemblant entre ses mains les concessions minières de J. Bernadac et R. Rivals, il devient le principal maître de forges des Pyrénées-Orientales.
Promoteur méconnu d’une série de sociétés métallurgiques et minières, celui-ci est à l’origine de la fondation d’une petite dizaine de hauts fourneaux au bois en Languedoc-Roussillon. Pour mémoire, les sociétés fondées par Jacomy sont les suivantes : Société des hauts fourneaux et forges de Ria au capital de 500 000 francs, (1859), Société des mines, hauts fourneaux et forges de la Nouvelle au capital de 3,5 millions de francs (1861), Société anonyme des mines de fer de Fourques au capital de 500 000 francs (1875) devenue SA des mines et usines du Midi au capital de 2,5 millions de francs, Société métallurgique du département des Pyrénées-Orientales au capital de 400 000 francs (1876), société métallurgique à Codalet (1879), Société française d’exploitation des mines et minières des Pyrénées-Orientales (1880)."

Vente aux enchères des biens de Jacomy

L'évolution technique et économique fait que les sociétés de Rémy Jacomy sont en faillite en 1882. Les premières difficultés sont nées avec les grandes crues de la Têt des 18 et 19 octobre 1876. Tous ses biens sont finalement vendus aux enchères à partir de 1883.
Le journal Le Canigou du Mercredi 14/02/1883, annonce ces ventes pour le 5 mars 1883. Elles concernent des mines, hauts-fourneaux, forets, pâturages, maisons et propriétés diverses répartis en 45 lots dont 7 concernent les biens de Mosset, détaillés ci-après :
Lot 2 - montagnes de Mosset
Une vaste propriété rurale dite montagnes de Mosset, en nature de pacages, bois et forêts de pins, sapins et hêtres et chemins d'exploitation, le tout d'une superficie d'environ 1894 ha.
Les différents quartiers de cette montagne portent les noms suivants : Las Carbonnères, Lo Caillau, La Roquette, La Balmette, Can Rech de Sola, Can Rech del Bac, Lo Roc de la Jarsère, La Canalette, Lo Coll del Torn, Roque Maure, Cobazet, Pas del Salbatge, La foun del Ousseils, Lo bac de l'Orry, Lo Correc de las Guilles, La foun de la Galline, Estardé, Coumes echoute, Sarrat Vermeil.
Elle est limitée dans son ensemble par le lot attribuée à la commune de Mosset dans l'action en cantonnement introduite par la saisie contre ladite commune, par les forêts de M. le comte de Rochefoucauld [dans l'Aude], les territoires des communes d'Urbanya et de Nohèdes, les propriétés des héritiers de Signe, de Campôme, et de Pagès de Ria.
Lot 3 - Domaine de Cobazet,
Un grand domaine situé au territoire de Mosset, connu sous le nom de domaine de Cobazet, avec toutes ses dépendances, se composant d'une maison de maître, de vastes granges et écuries, d'un grand réservoir sur le derrière de ladite maison, de terres, champs et prés, le tout contigu et ne formant qu'un seul et même corps, de contenance ensemble environ 91 hectares, ou ce qui est, tenant encore dans sa partie haute aux chemins d'exploitation de la forêt, Ville Jean et le saisi.

Lot 4 - la Solane

Un autre corps de domaine situé au même territoire, lieu-dit la Solane, composé d'une petite maison avec écurie par-dessous, grange avec écurie, sol à dépiquer, terres labourables, près, pâtures et bois, le tout attenant et ne formant qu'un seul corps, d'une contenance d'environ 50 ha, portés sous les numéros 152 bis, 153, 154, 155, 156, 157, 158, 159 et 160, et parti du numéro 133, de la section F du plan cadastral de ladite commune, et tenant dans son ensemble de l'Est à Arrous, à Lavila, à Not et à Salies ; du midi à ce dernier et à Come Raillou ; de l'Ouest a Mathieu Verdié, torrent entre-deux ; du Nord aux héritiers Tarrene et à l'acquéreur.

Lot 5 - la Solane

Charbonnière
charbonniere

Un autre corps de domaine situé au territoire susdit, lieu-dit la Solane, de contenance ensemble d'environ 31 ha, composé de maisons, grange avec écurie, sol à dépiquer, terres labourables, près, bois et terres incultes, le tout attenant et ne formant qu'une seule et même terrasse, et tenant aux héritiers Tarrène, à l'acquéreur de plusieurs horizons, au torrent dit Come Raillou, à Jean L'Hoste, à Pierre Payré, dit Pourrillou, à Sauveur Moné, dit Mandre, et autres s'il y en a.
Lot 6 - la Solane
Un petit corps de domaine, au même territoire, lieu-dit la Solane, composé d'une petite bâtisse, terres labourables, et une petite prairie, le tout attenant et ne formant qu'un seul et même corps, de contenance ensemble de 5 ha, ou ce qui est, portés sous les numéros 145, 144 du plan cadastral de la commune, section F.
Lot 7 - forge de Dalt
Un corps de bâtisses avec toutes ses dépendances, chemin de grande communication entre deux, qui consiste en une maison de maître, une bâtisse où est établie aujourd'hui une scierie mécanique, forges en ruines, charbonnières et un lambeau de terre champ, de contenance d'environ 18 ares ou ce qui est, le tout attenant ne formant un seul et même corps appelé la forge de Dalt, au lieu dit Les Fountaneilles, porté à la section B, numéro 241, 242, 246, 247 du plan cadastral de la commune, tenant le tout avec le grand chemin, Terrals Rose, Bonaventure Chambeu, et autres.
Lot 8 - Le martinet de la Carole
Un petit corps de bâtisse en ruines situées au même territoire, en face du hameau de la Carole, rivière entre deux, consistant autrefois un une maison d'habitation, en un Martinet servant à repasser le fer et quatre terrasses ou feixes arrosables, en nature de jardin, le tout attenant et contigu, connu sous le nom de Martinet, lieu dit village contenance ensemble environ 10 ares, 27 centiares, ou ce qu'il est, porté à la section H. numéro 527, 528, 529, 530, 532 du plan de ladite commune, tenant à Roland Martin, au chemin de la Carole, et Arrous Pierre ;
Sous les immeubles ci-dessus désignés, sous les articles 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8t, sont portés sous le numéro de la matrice cadastrale de la commune de Mosset :
Section L, 573, 5 174, 575 ;
Section E, 687, 688, 689, 690, 699, 700, 701, 702, 733, 734, 735, 736, 737, 738, 739, 740, 741, 742 ;
Section F, 34, 34p, 35, 36, 36p, 35, 37p, 40, 128, 129, 129p, 146p, 127, 128, 129, 132, 135, 136, 139 ;
Section G, 140, 142, 142p, 143, 145, 147, 152, 153 ;
Section B, 241, 242, 242p, 246, 246p, 247 ;
Section H, 527, 528, 529, 530, 532 ;
Section E, 727p, 728p, 743p, 744p, 745p, 746 ;
Section F, 11p 33p 44p 45p 46p, 51p 71p, 124p, 127p, 132p, 544p.
Section G, 8p, 9p, 57p, 59p, 60p, 123p, 124p, 125p, 1..p, 131 ;
Section F, 38, 41, 152p, 153, 154, 155, 156, 157, 158, 158p, 159, 160, 133p, 134, 135, 136, 36p, 38, 40 et 137, 138, 139, 140, 41, 112,143, 39, 42 ;
Section F, 43 ;
Section H, 528 ;
Section F, 41 ;
Section B, 247 ;
Section F, 145,144p

Les sections du Plan Cadastral de 1811
Plan cadastral de 1811
Acquisition par le baron Chefdebien

Les premières ventes concernant les 20 premiers lots hors Mosset, qui ont lieu le 21 mai 1883. L'acquéreur est Séverin Bassère et son épouse Thérèse Jacomy (fille de Rémy Jacomy). [ADPO 3U2526 1886 N°391 du 29/05/1883 et 3U2494, jugement civil n°84 du 2/05/1883.]
Le dimanche 24 juin 1883 des ventes complémentaires aux enchères publiques sont prévues à Mosset, à Cobazet, à la Solane, et au Caillau. Elles concernent 190 tonnes de charbon de bois, de bois de construction, de plusieurs lots de fourrages et de paille dont 5000 kilos de foin et 20 kilos de paille.

La forêt de Mosset avec le Caillau et Cobazet sera achetée le 4 juin 1883 par Chefdebien qui mettra en œuvre l'exploitation du talc du Caillau pour son usine de Prades.
Le tout sera repris en 1957 par la Caisse Centrale des Mutuelles Agricoles, aujourd’hui connue sous le nom de Groupama.

Le Caillau - Bâtisse
Caillau Chefdebien
Le Caillau - Carrière en exploitation
Caillau carrière
Achat du domaine de Cobazet en 1952 ? Occasion manquée ?

Dans les années 2000, la rumeur publique locale n'hésitait pas à faire savoir que la municipalité de Mosset de 1952 n'avait pas su profiter de l'offre qui lui aurait été faite d'acheter toutes les propriétés de Chefdebien à Mosset. En effet, à cette époque, les descendants du Baron souhaitaient s'en débarasser.
Ce projet d'investissement qu'on ne trouve pas dans dans les registres des délibérations, aurait fait l'objet d'un vote négatif du conseil municipal à une voix près.
Le conseil municipal de 1952 était composé du maire,  Louis Soler (1912-1995), de l'adjoint Salies Joseph (1883-1969) et des conseillers : Bruzy Jean (1899-1980), Grau Pierre (1914-1998), Garrigo François (1904-1975), Bousquet Isidore (1908-1973), Radondy Isidore (1908-1954),  Garrigo Fra,çois (1903-1991), Montrepos Joseph (1905-1984), Bousquet Marcel (1922), Ques Henri (1906-1983).

Le prix proposé était de 25 millions de Francs (Anciens francs). En tenant compte de l'inflation entre 1952 et 2013; 1 Franc de 1952  équivaut à 14 Francs de 2013. (Wikipedia Inflation).
Les 25 millions correspondent donc aux 14x25 = 350 millions d'eanciens francs ou 3,5/6,56 = 0,5 Millions d' Euros environ.
Certaines estimations de la valeur actuelle la forêt seraient de plusirus millions : entre 3 et 6 millions.
La question qui se pose est de savoir si le vote négatif de 1952 était judicieux ou non. La réponse est délicate mais il faut savoir qu'après guerre Mosset devait faire face a d'importants besoins d'équipements. En particulier les travaux d'électrification pour remplacer l'usine électrique de 1910 ont nécessité des emprunts de plusieus millions de francs, de l'ordre de 5 millions, semble t-il, au taux de 6% sur 30 ans.

 
Mis à jour le 13/02/2018
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