Bornes et roches gravées - Histoire de Mosset

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Bornes et roches gravées

XVIIIe siècle > Ancien régime

Bornes et roches gravées à Mosset


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1- Les bornes mystérieuses entre la  forêt de Salvanère et le Clot d'Espagne


Remerciements

L'histoire des bornes forestières qui délimitaient la forêt de Salvanère dans l'Aude et le Clot d'Espagne attenant sur le territoire de la commune de Mosset est due à trois personnes de Counozouls passionnées de bornes forestières, formant "un groupe d’amis au village, amoureux de vieilles pierres et de patrimoine" : Messieurs Alain Vidal, Jean Pierre Pouchairet et Michel Grosselle.

Au mois d'octobre 2012, Alain Vidal découvrait celles qui font l'objet de ce texte. Intrigués et curieux, ils n'ont eu de cesse, tous les trois, d'amasser les informations permettant de comprendre et expliquer la genèse de ces petits obélisques locaux.
Nous tenons ici à les remercier de nous avoir fourni documents et photos et de nous avoir autorisés à les utiliser sur le site internet de l'Histoire de Mosset.
Par ailleurs, il ne faudrait pas oublier "
celle qui, par ses recherches et son enthousiasme, fut à l’origine de la découverte du propriétaire du blason." "C’est Melle Aude Pujol, de Counozouls également, qui de son lointain lieu d’études à Valladolid a débloqué la situation. "

Forêt de Salvanère et Clot d'Espagne
Carte Salvanère et Clot d'Espagne

Enfin, nous n’aurions pas pris conscience de l'existence des bornes sans Jean Marc Rossini et Annie Balcells qui, de leur côté, les ont récemment découvertes et photographiées. Nous les remercions de nous avoir informés.

La forêt de Salvanère et le Clot d'Espagne
sont de part et d'autre de la crête qui relie le Dourmidou au Roc d'Escale, crête qui marque la limite entre les deux départements, au Nord du territoire de la commune de Mosset.

Les bornes forestières
On en compte 5 :
- Un groupe de 3 bornes couchées (Longitude : E 002°17'03.2"- Latitude : N 42°42'06.4" - Altitude : 1515 m.)
- Une borne isolée à 10 mètres environ à l'Est du groupe.
- Une borne droite à 360 mètres à l'Ouest du groupe (Longitude : E 002°16'47.2" - Latitude : N 42°42'07.9" -Altitude : 1531 m.)

Groupe de 3 bornes couchées
Bornes couchées
Borne unique couchée séparée du groupe
Borne couchée et isolée
Borne droite unique
Borne debout marquée V

Les blasons

Toutes ces bornes sont "signées" par une marque sculptée dans la pierre. La borne debout se différencie des autres plus élaborées. On y distingue clairement la lettre V. Les bornes couchées présentent toutes un couple de symboles plus difficiles à interpréter : la fleur de Lys de la royauté et un blason seigneurial particulier.

Grand V
Lettre V sur la borne droite
Fleurs de Lys
Blason gravé fleur de lys Clot d'Espagne
Armes seigneuriales
Blason des Castanier

Cet état des lieux terminé, la question de la datation des bornes se pose. Quelle est la date de leur mise en place et qui en est le commanditaire ?

La fleur de Lys serait apparue, selon Wikipedia, vers l'an 1200. La limite actuelle entre Mosset et l'Aude était en 1258, après le traité de Corbeil et jusqu'au Traité des Pyrénées de 1659, la frontière entre les royaumes de France et d'Aragon. Sachant que le symbole a survécu à la Révolution, il ne constitue pas une signature précise pour dater les bornes couchées.

Les Castanier d'Auriac et les bornes couchées

Blason des Castannier

La solution est dans le blason seigneurial. En effet que voit-on ? Quatre objets que Michel Grosselle a dessinés, en un croquis représenté ci-contre : de haut en bas, un croissant, deux étoiles, un trait horizontal et un arbre planté dans le sol.

C'est exactement la représentation et la description données par l'Armorial du Languedoc de Charles d'Hozier -Volume 14 - concernant les armes des Castanier : Guillaume Castanier, Conseiller du Roi, Maire de la ville de Montréal (Aude), d'un autre Guillaume Castanier, Conseiller honoraire du Sénéchal au siège de Carcassonne et enfin Estienne Castanier, bourgeois de Béziers.

Croquis des armes des Castanier

La description en est : "D'argent, au châtaignier de sinople, fruité d'or, sur un tertre du premier, un chef d'azur chargé d'un croissant montant, accosté de deux étoiles, le tout d'argent."


Achat de la forêt de Salvanère

Cet achat est l'acte fondamental dans l'histoire des bornes couchées de Salvanère. En effet, le 10/02/1720, Alexandre du Vivier, seigneur de Lansac, pressé par les ennuis financiers de sa famille, vend devant maître Bentajou, notaire de Limoux, les seigneuries de Montfort et d'Aussières, y compris la forêt de Salvanère à  Guillaume Castanier, Conseiller et secrétaire du Roi, baron et seigneur de Couffoulens pour le prix de 240 000 livres. (1)


Les de Vivier sont à Montfort depuis 1141 et dès la fin du XIIIème siècle sont propriétaires de la forêt de Salvanère dont ils confient les droits d'usage à des tiers. "De même, le 23 juin 1429, Pierre du Vivier, pour les bons services qu’il a reçus de Jaspert de Tregura, seigneur du château de Paracolls [Molitg] lui donne la faculté devant Jean Morer, notaire de Millas, pour lui et ses successeurs, d’utiliser le bois de la forêt de Salvanère pour alimenter sa mouline ou moulin à fer de Campôme, à la condition qu’il paye un droit d’entrée de deux paons et une somme de 3 ou 6 deniers par charge de bois qui se retirera des dits bois.
Le 10 juin 1545, devant Michel Perpinya, notaire de Vinça, c'est Louis du Vivier, seigneur du Vivier et de Montfort, qui donne et concède à Angel de Vilanova la faculté d’utiliser la même forêt." (1)

On peut donc affirmer que les 4 bornes couchées ont été fabriquées en ce lieu après 1720 et qu'elles ont moins de deux siècles d'existence.
Le corollaire est que la Fleurs de Lys n'est qu'une référence à la royauté, au
roi de France et de Navarre, Louis XV, qui règne de 1715 à 1774.

"
Par la suite, les du Vivier tentèrent de récupérer ces terres, et en 1766, Henri-Joseph du Vivier attaqua la marquise de Poulpry, héritière de son oncle Messire de Castanier d’Auriac, prétextant que ces biens faisaient partie de la moitié franche des biens qui avaient été donnés par Alexandre du Vivier à son premier enfant mâle à naître lors de son contrat de mariage en 1693.
Malheureusement, ces terres ne devaient plus revenir par la suite dans le patrimoine foncier de la famille du Vivier
."(1)

Qui sont ces Castanier d'Auriac ?
Auriac est un lieu et probablement les Castanier ont été seigneur de ce lieu non identifié.
Guillaume n°1 Castanier, procureur du présidential de Carcassone, vivant en 1600, décède en 1625. La branche s'éteint avec Catherine, marquise  de Poulpry qui meurt en 1814. Les descendants de Guillaume n°1 sont tous des Guillaume numérotés jusqu'à 5. Deux importants descendants sont des François. Ils ont tous été   des nobles  popriétaires terriens du Languedoc qui occupent aussi des postes importants en province et à Paris.
L'acquéreur de Salvanère est
François n°1 Castanier d’Auriac, né le 16/11/1676 à Carcassonne de Guillaume n°3 Castanier d’Auriac (1646-1705) et de Marie Raynaud. Il  décède le 15/01/1759 à Carcassonne, célibataire sans enfant, riche de 43 millions de livres.
Ce Castanier avait pour devise "En terre mes deniers." Il fut connu aussi comme "le plus grand coquin de France" et doit son immense richesse au Système de Law. Il fut propriétaire de la forêt de Counozouls mais il n’existe pas de bornes à ses armes. Par contre,  il a laissé en place celles des Montesquieu et des de Montrond de Sautou. (Sauto 66) (2)

Portrait de François Castanier par Hyacinthe Rigaud
Portrait de Castaniee Guillaume

Épilogue
Le mystère des bornes, bornes inconnues jusqu’en octobre 2012, entre la forêt de Salvanère et du Clot d’Espagne est il levé ?
On sait de façon certaine que la borne droite a délimité la forêt des du Vivier avant 1720 et que les bornes couchées des de Castanier sont postérieures.
On peut imaginer, logiquement, que les bornes Castanier devaient remplacer les bornes Vivier et qu’à cet effet, elles ont été fabriquées où se trouvent, actuellement, les 3 bornes couchées.
Les interrogations ont les suivantes :
- Que sont devenues les autres bornes Vivier ?
- Des bornes Castanier ont-elles été plantées ?
- Pourquoi des bornes au sol non utilisées ?
- D’autres bornes Castanier ont-elles été fabriquées ?
- Ne subsistent que 5 bornes. Les autres (une trentaine) ont-elles été utilisées dans les cortals ou les orris voisins comme linteaux ?

En conclusion, si un pas fondamental a été franchi, il reste encore des mystères.
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Références
1- LA FORET DE SALVANERE, UN ELEMENT CLE DU PATRIMOINE FONCIER DE LA MAISON DU VIVIER EN FENOUILLEDES (1297-1719) - http://bpricon11.perso.neuf.fr/Annexes/salvaner.htm
2 - Michel Grosselle

Borne couchée
Borne couchée
Borne droite
Borne droite
Borne couchée
Borne couchée
Borne couchée
Borne couchée

Haut
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2 - La borne du Col de Jau

La borne du Col de Jau n'est pas une borne forestière mais son emplacement et sa discrétion méritent qu'on lui rende hommage. Monsieur Michel Grosselle, déjà cité, note : " Cette borne est située sur l’emplacement « réel » du Col de Jau, tel qu’il figure sur le plan cadastral « dit Napoléon » établi vers 1835, bien avant la création de la route (1860 à 1880). La pente de l’ancien chemin étant trop raide, la route a abandonné ce tracé rectiligne, déplaçant ainsi artificiellement le col où on le connaît aujourd’hui."

Panneau du Col de Jau 1506 m
Borne du col de Jau
Crois de la Borne du col de Jau

Haut
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3 - Les bornes entre la forêt communale de Mosset et la forêt de Lapazeuil de Counozouls

Numérotation des bornes

Entre le Col de Jau et le sommet du Madres, Messieurs Jean-Pierre Pouchairet  et Alain Vidal de Counozouls ont identifié 4 bornes se présentant comme de petits rochers de 40 cm de haut environ, les 3 premiers à partir du Col portant un numéro par face. La face tournée vers le haut porte toujours un numéro inférieur à celui qui figure sur la face tournée vers le bas.  Chaque borne est donc identifiée par un couple de 2 chiffres de la façon suivante ; 7/6, 6/5, 4/5.
La borne la plus haute porte un seul numéro, le 1 gravé sur le face tournée vers le bas. La face tournée vers le Madres n'en porte pas.
Les deux faces de ces 4 bornes sont représentées par le couple de 4 photos ci-dessous.

Borne 1 non marquée sur la face du haut
Borne 1 vers le haut
Borne 4/5 marquée 4 sur la face du haut
Borne 4-5  vers le haut
Borne 5/6 marquée 5 sur la face du haut
Borne 5-6 vers le haut
Borne 6/7 marquée 6 sur la face du haut
Borne 6-7 vers le haut
Borne 1 marquée 1 sur la face du bas
Borne 1 vers le bas
Borne 4/5 marquée 4 sur la face du bas
Borne 4-5  vers le bas
Bprne 5/6 marquée 6 sur la face du bas
Borne 5-6 vers le bas
Bprne 6/7 marquée 7 sur la face du bas
Borne 6-7 vers le bas


Plan ONF

L'emplacement des bornes a été ajouté au plan ONF ci-dessous.
La borne 1 devrait être à l'extrémité du territoire communal. Il est considéré que cette borne 1 est la borne implantée en 1861 lors du cantonnement qui a séparé l'ancien territoire forestier seigneurial en 2 parties : la partie haute attribuée en totale propriété, avec peu de servitudes, à un organisme privé, la partie basse devenant propriété de la commune de Mosset.
Aux 3 bornes centrales, distantes de 150 mètres  et couvrant donc 300 mètres devraient s'ajouter les bornes 7/8, 8/9, 9/10 et 10/11 du côté du col de Jau et les bornes 1/2, 2/3 et 3/4 au-dessous de la borne1.
Par ailleurs, juste au-dessus de la borne 4/5, à quelques mètres, un important rocher a été marqué par un grand 3. Il doit probablement indiquer que là commence la parcelle 3 du plan ONF.
Normalement au double numérotage des bornes correspond le numéro de la parcelle qu'elles délimitent : par exemple la parcelle 5 se situe entre la borne 4/5 et la borne 5/6. Il est clair ici que les parcelles actuelles sont sans lien avec les bornes.


Roche marquée 3
Plan cadastral de Mosset

Haut
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4- Les  bornes de la Clause

A la Clause, au niveau de la crête qui sépare Mosset de Rabouillet, à une altitude de 1350 mètres, une belle borne porte la date de 1902. On ne connait aucune explication.
Plus à l'Ouest, une petite stèle présentant une croix gravée surmontée des Initiales C.V. a été dressée vers 1990 après le décès, en ce même lieu, de C. Vilacèca.
Cette stèle conduit à penser que la précédente a peut-être pour objet d'honorer un disparu.

Borne de la Clause C. Vilaseca
Borne Vilaseca
Borne 1902
Borne 1902

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5- Les roches gravées

Les bornes forestières gravées de la haute vallée de la Castallane ne sont pas les seules du territoire de Mosset. On peut citer :
1 - Les roches gravées : au cortal Grill à la Clauze et devant Cobazet.
2 - Sur les linteaux des orris comme à la Tremolleda et Estardé.
3 - Les épigraphes qui ornent les murs des maisons du village : Voir les articles du JDM.
En ce qui concerne les bornes proprement dites et généralement non gravées, il faut rappeler les innombrables bornes qui marquaient les limites des propriétés et en particulier qui permettaient de délimiter les parcelles à la suite des partages des terres entre les héritiers.
4 - La pierre "tombale" du Pla de Pons avec sa croix et, latéralement, des inscriptions qui n'ont pas recu, à ce jour, de traduction ou interprétation. Voir le JDM n°7 page 15.


Pierre tombale

Position de la roche tombale
Lat : N 42°42'14,7"
Long :  E 02 °21'09,5"
Alt : 1356 m


Inscription sur la pierre tombale

6 - Le Roc des 40 croix
On lit à la page 19 du JDM n°69 sous la plume de Fernand Vion le texte suivant :

"- Site : sur le territoire de Rabouillet, « petit » rocher tabulaire de 3,2 x 1,5m (orienté N-S, altitude 1300m) situé au Nord de la Closa, à l’Est de la borne culminant à 1356m. sur la frontière des communes de Mosset et de Rabouillet et au Sud-Ouest du Pic de Toulouse.
- Etymon : le catalan Roc = rocher + creus = les croix. Le rocher présente une quarantaine de croix de 4 à 7cm probablement gravées par un ou plusieurs pâtres-poètes-artistes et peut-être même illettrés que la sensibilité et l’inspiration ont incité à laisser une trace de leur présence en ce lieu pittoresque.
Les nombreux pitons rocheux des alentours, plus grands et ne portant pas de nom propre, font que tout le secteur autour de la cote 1356 « s’accapare » le toponyme du petit rocher qui demeure lui grand par ses attributs : la borne 1356m n’est pas sur le Roc des 40 croix !
- CIFD : El Roc de les Quarante Creus Phon : èl roc de lès courante crèus."

Le roc des 40 croix - Photo Georges Gironès
Roc des 40 croix
Représentation des 40 croix par Jean Abelanet
Roc des 40 croix

Position du roc des 40 croix
Lat : N 42°41'37.0"
Long :  E 002°21'27.6"
Alt : 1193 m

Partie gauche du rocher
Roc des 40 croix - Partie gauche
Quelques croix de la partie gauche du rocher
Roc des 40 croix - Gros plan sur les croix

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Mis à jour le 13/02/2018
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