1792 - Canal de Mosset, Molitg et Campôme
En 1792, Campôme, simple hameau du diocèse de Molitg devient une cmmune à part entière comme ses deux voisines. Le Rech de Molitg de 1300 devient le Canal de Mosset, Molitg et Campôme.
1803 - "Bannier" ou "Regué"
Engagé par le syndic du canal, un "bannier", terme catalan correspondant à vannier, était une sorte de garde champêtre chargé spécialement du contrôle du respect des horaires d'arrosage.
On l’appelait aussi en catalan le "Regué," mot pouvant provenir du catalan "reguer" c'est à dire arroser.
Sur le tronçon de Mosset, ont rempli cette fonction : Pierre Vernet en 1807, Jean Serra en 1787, Jean Utéza de Sournia en 1784 et Michel Arrous (1864-1946) surnommé « El Cargol Regue. »
1805 - Nouveau Règlement pour Molitg et Campôme
Avant la Révolution l’Assemblée des tenanciers se réunissait après en avoir eu l’autorisation du Seigneur de Mosset et des autorités départementales. Elle se tenait sous la présidence du battle en présence du notaire mandaté par le seigneur. Le notaire établissait le règlement.
L'assemblée du 26 mai 1805, présidée depuis 1792 par le Maire de Molitg autorisé par le préfet, déclare urgent d'élaborer un nouveau règlement pour les deux communes de Molitg et Campôme. On ne se préoccupe pas de celle de Mosset, qui avait probablement son prope syndic.
Monsieur Auguste Salies (1780-1823), maire de Molitg organise donc une assemblée avec l'assistance de Mathieu Pares (1780-1823) et Joseph Banet (1780-1823).
Comme en 1765, il y a 40 ans, on insiste sur le respect de l’ordre d’arrosage des propriétés.
"Afin d’éviter les nombreuses disputes auxquelles le défaut de règlement de l’eau donne trop souvent lieu comme aussi de faire une juste distribution de l’eau considérant que le meilleur moyen de parvenir à ce but est de distribuer l’eau de manière que chacun puisse arroser ses terres à son tour, que le seul moyen qui a été reconnu utile pour atteindre ce but est celui d’arroser les champs les uns après les autres en distribuant l’eau par plusieurs divisions et les divisions en branches et en houills ou regadures."
Cet ordre fait l’objet d’un tableau à 162 propriétés organisées en 60 (première division) plus 43 (deuxième division) plus 58 (troisième division). Chaque propriété est identifiée par sa situation, le nom du propriétaire, la nature et la surface en ares. Si un propriétaire ne respecte pas cet ordre il sera pénalisé et devra verser une indemnité de six francs.
En plus de cette règle qui était déjà en vigueur en 1765, il est maintenant tenu compte du paramètre temps, qui va modifier l’ordre d’arrosage en cas de nécessité et surtout la durée d’arrosage par propriété.
"Comme il arrive quelquefois et même souvent que pendant l’été l’eau n’est point suffisante pour toutes les divisions, branches. regadures (ou houills), dans ce cas, sur le rapport qui sera fait par le bannier ou reguier, de manière néanmoins qu’auqun propriétaire ne peut arroser aucune de ses propriétés avant que toutes les autres eussent arrosés les leurs.
L’assemblée a délibéré que pour mieux s’assurer qu’aucun propriétaire n’arroserait ses terres une seconde fois avant que tous les autres eussent arrosé, il serait donné par le bannier ou reguier des marques en plomb ou de tout autre manière aux propriétaires qui seraient au tour d’arroser. Lesquelles marques seront appelées pour les champs marqués majeurs et pour les jardins marqués mineurs."
Il faut rappeler que le système de répartition d'eau entre Mosset et Molitg/Campôme est organisé en cycles de 6 jours : l'eau est prise par Mosset les 2 premiers jours et par Molitg/Campôme les 4 suivants.
On y distingue en particulier les jardins et les près qui obéissent à un régime particulier.
Pour les jardins chaque propriétaire ne pourra pas prendre plus du 1/5 du débit total. L’arrosage a lieu de jour. L’arrosage des prés est fait les premiers des quatre jours en commençant par l’embouchure du ruisseau et les quatre jours après en commençant par les plus éloignés. Ainsi les près non arrosés après 4 jours le seront 5 jours après. En cas de pénurie, cette mesure reste assez efficace et surtout juste.
L’innovation la plus importante est la prise d’eau par vanne délimitée dans le temps. Par exemple pour le premier pré, de la première branche du premier jour, le propriétaire Monsieur Saletes à Lhomenat qui dispose de champs de 80 ares, prendra l’eau de huit heures à neuf heures du matin..
En sens inverse en commençant par les propriétés les plus éloignées, on commencera à huit heures et on finira à 8h45 par le pré de Joseph Banet appelé "Al Romadé." Juste après lui ce sera Jacques Brou, de 8 heures 45 à 10 heures au même lieu. Dans ces deux cas la consommation sera limitée à un "hoillal," autre désignation de "houill."
Enfin l'arrosage des champs aura lieu pendant le jour et celui des prés la nuit.
L'impôt annuel des bénéficiaires de l'arrosage est de 500 francs pour couvrir les dépenses d'entretien du canal et le salaire du bannier.
L’assemblée nomme pour tenir les comptes Messieurs Augustin Salies (1771-1829), Ignace Pacouil (1744-1821), Isidore Ruffiandis (1758-1832) et Onoffre Saletas (1759),
Le montant de la contravention est de six francs dont la moitié est remise au trésorier qui sera nommé par les syndics, au bannier ou reguer et l’autre moitié sera à la disposition des syndics à charge d’en rendre compte.
L’assemblée nomme six syndics pour la surveillance et l’exécution du règlement. Les syndics nommeront un caissier ou trésorier qui pourra être pris parmi eux et qui sera chargé de la recette et des paiements.
Sont nommé syndics : Marc Mestre (1759), Julien Comminge, Ignace Daixonne, Julien Fabre (1780), Augustin Serra de Molitg et Jacques Saget de Campôme.
Le compte rendu de l'assemblée est suivi de nombreux tableaux qui fixent les horaires alloués aux propriétaires qui bénéficient de l'eau du canal en commençant à l'Lhomenat. L'analyse de ces tableaux ne permet pas de comprendre exactement comment se repartit en temps et en lieu l'eau d’arrosage et en particulier la répartition par divisions, branches et houills.(ADPO 1933 W 190)
1807 - Délits d'arrosage
Quelques exemples de délits constatés le 03/09/1807 par "Pierre Vernet (1765-1826), de Molitg, bannier surveillant du canal d'arrosage de Mosset à Molitg,
À 6 heures du matin, sur le territoire de Lluganas, territoire de Mosset, a trouvé l'eau du ruisseau commun, dans le pré de Silvestre Sarda (1752-1813) de Campôme, alors que l'eau appartenait à Julien Soler. (1763)
À 7 heures du matin, à "l'embergue dels frares, territoire de Mosset, a trouvé Catherine Cortie (177-1827), épouse de Gaudérique Porteil (1757-1820), qui avait coupé l'eau de Joseph Corcinos qui, lui, avait donné la permission, attendu que l'eau appartenait à Emmanuel Mestres et Julien Soler, tous les deux habitants Campôme.
À 9 heures du matin à Corbiach, territoire de Mosset, a trouvé Catherine Anriquel de Mosset, qui arrosait son champ, semé de haricots, dans un moment où l'eau ne lui appartenait pas, en contravention du règlement de 1765. Elle appartenait à la partie de Lluganas.
À 10 heures du matin à la partie "Le Vernet", territoire de Mosset, a trouvé une femme arrosant le champ de Sauveur Climens de Mosset, qui arrosait les haricots, femme que je n'ai pas connue mais que je crois être la bergère de Sauveur Climens. L'eau ne lui appartenait pas, en contravention du règlement de 1765. Elle appartenait à la partie de Lluganas." (ADPO 3U2814)
Il est curieux de constater qu’en 1807 le bannier se réfère au règlement de 1765. Celui de 1805 ne serait-il pas appliqué ?
1808 - Procédures correctionnelles
Il est difficile dans la pratique de dissuader les contrevenants qui ne respectent pas les règlements. Le 17-11-1808, passent devant le Tribunal de première instance de Prades en procédures correctionnelles les tenanciers suivant du canal de Mosset et Molitg.
François Julia (1760), 48 ans de Campôme
Joseph Julia (1768), 40 ans,
Pierre Combaut (1745), 64 ans, brassier,de Campôme
Antoine Mir (1735), 74 ans, brassier,de Molitg
Joseph Combaut, voiturier.
Les prévenus sont déchargés de l'accusation : "D'après la transaction, en date du 30 juin 1721, entre les habitants de Mosset, Molitg et Campôme et qui prévoit une amende de 10 francs contre les contrevenants aux dispositions de cette transaction, les rapports des "reguiers" ne peuvent eux-mêmes faire pleine foi en justice, que tout autant que les contrevenants seraient trouvés en flagrant délit." (ADPO 3U3043)