Période de 1875 à 1900 - Ecole - Histoire de Mosset

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Période de 1875 à 1900 - Ecole

XIXe siècle > 1871 à 1900

École de Mosset de 1878 à 1900

Les lois Jules Ferry


Le 4 février 1879 : Jules Ferry est nommé ministre de l'Instruction publique ; il dirigera le ministère pratiquement jusqu'en 1883
Le but de Ferry était, en séparant l'Église de l'université, de séparer l'Église de l'État. Un autre objectif de Jules Ferry et des républicains était de constituer l'enseignement primaire en service public.
Une série de lois fondamentales sortirent donc au cours de cette période.
- 16.juin 1881 : La gratuité absolue de l'enseignement primaire est établie dans les écoles publiques ce qui entraîne la suppression de la "rétribution" scolaire.
Le paiement des traitements des instituteurs est imposé aux communes. Le niveau de formation du personnel enseignant est amélioré par l'exigence de la possession du brevet de capacité.
- 28 mars 1882 : l'enseignement primaire est rendu obligatoire pour les enfants de sept à douze ans ; en même temps, cette loi supprime l'enseignement religieux des programmes et retire aux ministres du culte le droit d'inspection qui leur avait été accordé par la loi Falloux. Jules Ferry ne laissait pas à l'abandon la formation morale et voulait faire de l'instituteur un éducateur.
- Cependant, dès le 16 février 1882, après la suppression de la rétribution scolaire, l'instauration de la gratuité de l'enseignement avait conduit l'État à prendre en charge le traitement des instituteurs. Jules Ferry prévoyait de confier la gestion de leur carrière aux recteurs en assurant pour eux des garanties en matière disciplinaire en leur donnant des juges choisis parmi les membres de l'enseignement.
Il n'eut pas le temps de faire adopter ces mesures et c'est le ministre Goblet qui vit voter la loi organique du 30 octobre 1886 sur l'organisation de l'enseignement primaire, préparée par lui-même et par Paul Bert ; elle prévoyait que l'enseignement ne pouvait être donné dans les écoles publiques de tout ordre que par un personnel laïque.
D'autres lois suivent, en particulier celle du 18 janvier 1887 qui détermine les conditions de création et de fonctionnement des écoles primaires, et celle du 19 juillet 1889 qui fait des instituteurs des "fonctionnaires " d'État directement payés par le Trésor.
En résumé
1881 : Gratuité de l'instruction primaire
1882 : instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans et strictement neutre au point de vue religieux dans les écoles publiques.
1886 : les instituteurs sont des laïques.

L’enseignement primaire dispensé, défini dans la loi du 28 mars 1882, comprend

- La lecture et l’écriture
- L’instruction morale et civique
- La langue et les éléments de la littérature française
- La géographie, particulièrement celle de la France
- L’histoire, particulièrement celle de la France jusqu’à nos jours
- Quelques leçons usuelles de droit et d’économie politique
- Les éléments des sciences naturelles physiques et mathématiques, leurs applications à - l’agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels, travaux manuels et usage des outils des principaux métiers
- Les éléments du dessin, du modelage et de la musique
- La gymnastique
- Pour les garçons, les exercices militaires
- Pour les filles, les travaux à l’aiguille.


Gratuité pour les indigents

Le 15/02/1880, comme un grand nombre d’enfants qui ne fréquentent pas l’école par suite des modiques ressources de leurs parents les membres du Conseil Municipal votent, à l’unanimité, la gratuité absolue pour l’année 1880 dans l’école des garçons et dans l’école des filles.


Projet de Nouvelle école

Le 8 février 1882, le Conseil Municipal examine le plan et le devis d’une nouvelle maison d’école en projet.
Le maire expose que "le montant de la dépense s’élève à la somme relativement considérable de 60 000 francs mais qu’en raison du climat rigoureux de Mosset pendant la saison d'hiver il a été de toute nécessité de prévoir des préaux couverts qui occasionneront une certaine partie de la dépense. Il est aussi très difficile de choisir ailleurs un terrain plus propice et assez vaste pour créer la nouvelle installation le village se trouvant bâti sur un mamelon escarpé et les champs à surface plane étant très éloignés."
"Les nouveaux programmes de l’enseignement primaire mettant la gymnastique au nombre des matières obligatoires il est de toute nécessité d’établir des préaux couverts pour pouvoir faire les exercices réglementaires pendant la saison d’hiver, très rigoureux à Mosset" le Conseil Municipal approuve à l’unanimité le projet.


Financement du Projet de Nouvelle école

Le 22 avril 1882 le Conseil Municipal déclare ne pouvoir s’imposer à nouveau pour prendre à la charge de la commune la moindre portion de la dépense prévue.
En effet
1 –"la commune est déjà imposée pendant 30 ans pour une somme de 12 centimes par franc pour le remboursement d’une annuité d’emprunt contracté pour la construction du chemin vicinal N°14 jusqu’à la place du village.
2 – elle s’est aussi engagée à fournir une somme de 10 000 francs ce qui représente une imposition de 6 centimes pendant 30 ans pour la prolongation du chemin N°14.
3 – elle a contracté un emprunt de 3 000 francs pour subvenir dans ces dernières années à ses dépenses ordinaires
."
"Cependant la commune possède une importante forêt dont l’exploitation peut fournir le montant de la dépense que la commune peut prendre à sa charge."
"Il y a lieu de demander à l’Administration qu’elle veuille bien accorder des coupes jusqu’à concurrence de la somme de 10 000 francs qui formera le total de la dépense que la commune entend prendre à sa charge pour la construction de la maison d’école."


Pas d’écoles de garçons et de filles séparées

Le 2 février 1883 le Conseil municipal n’est pas de l’avis de la Commission Départementale qui propose de construire l’école des garçons et l’école des filles sur deux terrains indépendants. Au contraire elle est d’avis d’établir un seul projet pour les deux écoles sur la propriété indivise d’Ambroise Mayens et de Joseph Corcinos. Une autre solution serait l’acquisition de l’ancien château et de le restaurer à peu de frais. Il estime en plus que le devis de 60 000 francs est exagéré.


École maternelle

Le 11 février 1883, à la suite de la promulgation du 28 mars 1883 les écoles de Mosset ne suffisant pas à recevoir toutes la population scolaire de la commune. La Maire Benjamin Cantié, médecin observer"que l’école de garçons, dont la surface n’est que de 34 m2 et le volume de 90 m2 doit recevoir 73 élèves de 6 à 13 ans, que l’école des filles dont la surface et le volume sont à peu près équivalents a aussi une population de 76 élèves du même âge. Un encombrement aussi considérable dans un espace aussi restreint ne peut que vicier l’air et occasionner inévitablement des maladies aux jeunes enfants. De plus les enfants de 5 à 6 ans ne peuvent trouver place dans les écoles. Il y aurait intérêt de demander la création d’une école maternelle qui recevrait les enfants en bas âge."
Le Conseil Municipal se rallie à ce point de vue. La commune procurera le logement de la Directrice de cette école en louant à ses frais la maison des héritiers de François Escanyé [4 Carretera de Prada].


Mobilier
Le Conseil Municipal vote le 11/2/1883 un budget de mobilier pour les 2 écoles et la future école maternelle. Le montant est de 360 francs
Le 6 mai 1883 à la suite des propositions de l’inspecteur primaire qui refait le budget et l’estime à 750 francs, la commune ne peut participer au-delà de 150 francs.
Le 25 mai 1885 le ministère de l’instruction publique a accordé une aide de 400 francs pour acquérir du mobilier scolaire ce qui porte la somme totale disponible à 550 francs. Un traité de gré à gré est passé avec Jacques Arrous (1833-1908) et Baptiste Borreil (1850-1915) menuisiers à Mosset.

Commissions scolaires

La loi du 28 mars 1882 prévoit, en son article 5, une commission municipale scolaire dans chaque commune qui surveillera et encouragera la fréquentation des écoles. Le 7 mai 1882, le Conseil Municipal vote pour la désignation des 4 membres de la commissionJean Rolland (1826-1901) 8 voix, Joseph Quès (1848-1929) 7 voix, Jean Rousse (1835-1909) 7 voix, Jacques Ruffiandis (1823-1891) 7 voix.
Le 28 juin 1884, les membres suivants sont nommés, avec 9 voix sur 9 : Augustin Cortie (1820-1893), Jean Rousse (1835-1909), Joseph Corcinos (1845-1913) et Gaudérique Escanyé (1829-1902). Comme précédemment, ils sont tous conseillers municipaux.

Le 10 juin 1888 ce sera Augustin Salies (1853-1937), Sébastien Mayens (1845), Pierre Salies et Jacques Garrigo (1862-1953) tous élus avec 11 voix.

Instituteur adjoint

Le 26 mai 1884, le Conseil Municipal demande un instituteur adjoint, compte tenu des effectifs scolarisés. La commune s’engage à fournir son logement et la salle de classe.
Le 15 août 1885 la demande est renouvelée. Le 15 août 1885 le Conseil Municipal irait jusqu’à prendrait à la charge de la commune la part qui est prise par les communes les plus pauvres. Le 15 août 1885 il décide de prendrait aussi à la charge de la commune le salaire fixe de 200 francs soit environ 20% de son revenu total. Le 13 décembre 1885 le Conseil Municipal confirme que bien entendu il est disposé à louer le logement et la salle de classe d’instituteur adjoint. Encore un pas de plus, le 16 janvier 1886 la commune de Mosset prendrait, pour 1886, la totalité du traitement de l’instituteur adjoint.
Ces efforts sont vains, il n’y a pas eu d’instituteur adjoint.


Caisse des écoles
Le 28 février 1885, en application de la loi du 28 mars 1882, le Conseil Municipal vote la création d’une caisse des écoles

Bibliothèque scolaire
Le 13 février 1886, le Conseil Municipal s’impose pour profiter d’une subvention de 35 francs pour l’achat de livres destinés à la bibliothèque scolaire.

Location de locaux pour l’instituteur adjoint
Le 14 février 1886 agreement du Conseil Municipal du bail conclu par le maire Jacques Ruffiandis (1823-1891) avec Magdeleine Rolland (1797-1889) veuve Jacques Ruffiandis (1796-1856) d’un appartement pour servir de salle de classe de l’instituteur adjoint.
Le même jour agreement du Conseil Municipal du bail conclu par le maire Jacques Ruffiandis avec Jean Rolland (1826-1901) cafetier d’une maison pour servie de maison d’école à l’instituteur adjoint.

Projet d’école enfantine en 1888
En application du décret du 27 août 1887, le Conseil Municipal au 17 juillet 1888 opte pour le maintien de deux écoles spécialiséesl’une pour les garçons et l’autre pour les filles en opposition à l’école mixte. De plus il sollicite la création d’une école enfantine.


Budgets scolaires dans les années 1882 1888

Mobilier
Budget scolaire de 1886 en francs

Dépenses

Recettes de la Mairie

 

Instituteur

Institutrice

   

Traitement fixe

200

200

Impôts

278

Traitement éventuel (1)

800

500

20% des revenus (2)

50

Location de l’école

 

120

Subvention (3)

1566

Logement

 

 70

   

Total

1000

890

   

Total

1000

   

1800

1- Complément versé par l’état
2- des revenus de la commune
3- du Département et de l’Etat

Ce budget est pratiquement le même que celui des années précédentes et de ceux de 1885 et de 1887.
On remarque qu’il n’y a aucune dépenses prévues pour l’école maternelle et pour l’instituteur adjoint. Ces projets n»ont pas eu de suite.

Instituteurs à Mosset de 1878 à 1900

Pomarede Sennen (1852) - Instituteur de 1878 à 1879


Sennen François Vincent Pomarede, né en 1852, célibataire, venant de Cabestany est nommé à Mosset le 09/07/1878 avec un traitement de 900 francs.
Commentaires : "S'est aliéné, par des punitions extra réglementaires les sympathies des autorités et des familles".(ADPO 1T66)
Le 10/1879, marié, il est nommé de  Mosset à Cassagnes, son traitement de 900 francs, passe à 1000 francs.
Commentaires : "Le changement de cet instituteur est demandé par le maire de Mosset [Benjamin Cantié] et lui même l'appelle de ses voeux, à cause du climat dont la rigueur est contraire à la santé de sa femme toujours souffrante à Mosset. Satisfaction lui est donnée dans une certaine mesure par le poste de Cassagnes.
" (ADPO 1T66)


Durand Joseph (1854) - Instituteur de 1879 à 1880


Joseph Durand, né en 1854, est nommé le 01/10/1878 à Mosset, célibataire, venant de e Serdinya, avec un traitement de 900 francs.
Commentaires : "Cet instituteur a des ennemis à Serdinya. M. le maire et M. le curé tiennent peu à le gerder. Lui-même sollicite son changement. Il y a lieu à le lui accorder et on peut l'appeler à Mosset. Ce jeune homme, qui est robuste, pourra bien faire dans cette commune ou le service est très pénible.".(ADPO 1T66)
Il est remplacé en 1880 par Philippe Arbos.
Le 01/02/1894 il est instituteur de 3e classe à Saint-Féliu-d'Amont. En 1895-96, instituteur à Prats de Mollo, 38 ans, il est récompensé pour les cours d'adultes : médaille de bronze et 100 francs. (ADPO 1T326)



Arbos Philippe (1858-1935) - Instituteur de 1881 à 1922


29 mai 1858 : Naissance de Philippe Arbos à Saint-Pierre-dels-Forcats, fils de modestes cultivateurs.
Septembre 1877 : breveté de l 'École Normale d'Instituteurs de Perpignan.
Élève maître, nommé adjoint à Rivesaltes, traitement de 800 francs
1878 : Nommé à La Cabanasse, ou il est titularisé dès ses 21 ans, puis le 25/09/1880 à Campôme, à Eus en mars 1881 et à nouveau à Campôme le 30/09/1881.

Le 28/11/1881 : arrivée à Mosset. Son revenu est de 1400 francs dont 200 francs comme secrétaire de Mairie.
Iil enseigne d'abord dans l'ancienne école (2 Plaça San Julia) puis en 1911 il inaugure la nouvelle école de la Carretera du Col de Jau.
Il laissera le souvenir d'un Homme voué au Sacerdoce de l 'École Républicaine
Il détient le record de la plus longue carrière d’enseignant au même poste à Mosset (de 1881 à 1922). En 40 ans il y forme plusieurs centaines d'élèves. Non seulement il forme les enfants de Mosset mais il les suit toute leur vie : si le secrétaire de mairie qu'il était, enregistrait officiellement leur naissance, l'instituteur qu'il devenait ensuite, les prenait en main dés l'âge de 6 ans pour ne les lâcher, nantis du précieux Certificat d'Études Primaires, qu'à 12 ans. Enfin le secrétaire les retrouvait pour rédiger l’acte de mariage qui les unissait vers 27 ans au retour du service militaire. Et un cycle identique reprenait avec les enfants des mariés. Arbos connaissait donc parfaitement tous les Mossétans du début du siècle, avec leurs qualités, leurs défauts et leur intelligence..

Tout ce qui touche aux activités intellectuelles et technologiques le pousse à s'informer et à apprendre et ce dans les domaines les plus variés :
La Pédagogie ou il se préoccupe des nouvelles méthodes de lecture et des techniques d'enseignement du dessin.
La Météorologie, l'Astronomie, l'Électricité pour laquelle il se passionne : il sera le premier à disposer d'une installation complète de TSF. De même, son goût pour la musique l'amènera à acheter le premier piano de Mosset.
Avec son épouse, Adèle Cantié, elle aussi institutrice diplômée avant leur mariage, il constitue une bibliothèque à la fois fournie et éclectique.
Républicain convaincu comme son beau-frère Benjamin Cantié, il n'hésite pas à s'engager dans le combat politique local quels qu'en soient les risques encourus quant au déroulement de sa carrière. Son souci de Justice le conduit, dés avant 1898, à devenir membre de la Ligue des Droits de l'Homme, crée en 1898.
Il habite sa maison, au 1 Plaça San Julia. Son épouse, institutrice puis épicière, y ouvre au rez-de-chaussée une épicerie. Après 1918, elle cède le fonds de commerce à son employée, Marie Dirigoy, qui s'installera au "Carrer de les Sabateras".
Ils ont 4 enfants dont un fils Philippe, comme son père, qui allait devenir un éminent géographe. Deux des filles lièrent leurs destins à Prades et à sa mairie : l'aînée Angélique, épouse le Docteur Jean Arrous, Maire de Prades de 1909à 1912 et de 1923 à 1925 : la plus jeune, Marguerite, mariée à Justin Bernis eut 2 filles dont l'une, Eugénie, devint l'épouse de Jean Clerc également Maire de la Sous Préfecture de 1947 à 1965.
Référence : "Michel Arrous - Le Journal des mossétans."


Le journal "La république démocratique" du 11/01/1889 publie l'article suivant qui lui a été transmis par un anonyme du nom de Rieular : «Mosset - Jusqu'à quand la municipalité et ses alliés politiques se moquera-t-elle de la population, sans que l'administration supérieure compétente y mette un terme ?
L'instituteur, beau-frère de l'opportuniste Cantié, tient un magasin d'épicerie et mercerie sans se préoccuper de l'instruction et de l'éducation des enfants qui lui sont confiés. S'il s'en occupe un instant, c'est pour se rendre compte de la provenance des cahiers, du papier et de l'encre que les enfants apportent à l'école.
Si les objets scolaires n'ont pas été achetés chez lui, il les punit et jette les fournitures par la fenêtre. C'est en vain que Monsieur Jean Bès-Siré, conseiller d'arrondissement, a appelé l'attention de Monsieur l'inspecteur d'Académie sur ces faits.
Le maire est receveur buraliste. Il se permet de refuser sa marchandise à tel ou tel habitant de la commune qui ne lui convient pas. Une enquête sérieuse démontrerait ces faits, sur lesquels nous reviendrons, si des mesures énergiques ne sont pas prises par qui de droit
."
Sur le dernier point le sous-préfet écrit au préfet le 23/01/1889 : "Le maire de Mosset n'est pas receveur buraliste, il est tout simplement intérimaire toléré. J'ai appris en effet qu'à l'époque de la fête votive de Mosset, Monsieur Rousse avait refusé du tabac et des cigares à des enfants qui se présentaient de la part de ses ennemis politiques, prétendant que le trop jeune âge de ces enfants mais en réalité pour se montrer désagréable à ceux qui le surveillaient.
Je vous serai gré, Monsieur le préfet, de nommer au plus tôt un titulaire à la recette buraliste de Mosset, cela diminuera d'autant les éléments de désordre qui affligent cette petite localité."
Made. Roche, institutrice stagiaire à Mosset en 1906 (Le Canigou)


Demande de bourse et le bureau télégraphique de Mosset

Le 20 mai 1892, M. Arbos, instituteur a formé une demande de bourse nationale au collège de Perpignan en faveur de son fils, admissible au Certificat d’aptitude le 7 avril dernier. Cette demande est soutenue à l’unanimité par le Conseil Municipal. Il reconnaît "qu’il est notoire que le jeune Arbos est doué de facultés qui lui permettront de faire de bonnes études et que les revenus de M. Arbos, instituteur public, ne lui permettent pas d’entretenir son fils dans un établissement d’enseignement secondaire. Il considère, de plus, que M. Arbos, dans un intérêt public s’est chargé de la gérance du bureau télégraphique de Mosset pour la seule rémunération accordée par l’Administration pour ce service, rémunération insignifiante dans un bureau comme celui de Mosset qui rapporte environ 20 francs par an. Du 25 janvier 1892, jour de l’inauguration jusqu’aujourd’hui ce bureau a expédié 21 télégrammes privés et en a reçu 44. Considérant que pour une faible rémunération M. Arbos fait sacrifice de ses jeudis, de ses dimanches et de ses vacances dans le seul but d’être utile à ses concitoyens et à la patrie."   


Classe pour les adultes

Le 13 octobre 1895, lecture devant le Conseil Municipal de la lettre de M. Arbos, Instituteur, qui a l’intention d’ouvrir une classe pour les adultes. Il demande auparavant que le Conseil vote un crédit pour amener l’éclairage et une subvention pour le dédommager de son travail.
Le Conseil tout en reconnaissant l’utilité des cours d’adultes, regrette que la réduction financière de la commune ne lui permette pas de voter la subvention.


Le certificat d’études primaire en 1896

Ont obtenus le certificat d’études les élèves de Mosset : Salies Michel (1883-1969), Isidore Monceu (1884-1963), Surjous Joseph (1884-1945). (Le journal "Le Canigou" du 11/07/1896). Ces élèves, âgés de 12 ou 13 ans, sont entrés en classe en 1889 ou 1890. Ils font partie de la huitième ou neuvième promotion de Philippe Arbos qui a commencé à enseigner à Mosset le 26/11/1881.

Certificat d’études primaires

Recommandé dès 1867, le certificat d’études primaires – le certif disaient les enfants – a été créé en 1874 pour valider les acquis de l’école primaire. Il n’était pas obligatoire mais a fait la fierté de générations d’écoliers jusqu’à l’Entre-deux-guerres. On remettait à l’élève qui l’avait réussi un beau diplôme sur un papier à en-tête de la République française, visé par le ministère de l’Instruction publique (l’équivalent de notre ministère de l’Éducation nationale). Ce document mentionnait le nom, le prénom, la date de naissance, le lieu de naissance et l’adresse du lauréat.

Lorsque ce certificat d’études primaires est créé en 1874 et malgré les progrès de l’enseignement élémentaire sous le Second Empire, on compte encore une forte proportion d’illettrés, plus élevée dans le sud que dans le nord de la France. Dans les départements de la moitié nord, plus de 70 % des hommes et des femmes savent signer. Dans la moitié sud, il n’y a que 6 départements sur 59 où l’on retrouve une proportion du même ordre. Dans certains (Corrèze, Haute-Vienne, Indre, Cher, Allier, Morbihan, Finistère…), on atteint à peine 40 %.
La situation va évoluer grâce à la loi Jules Ferry de 1882 instaurant le caractère obligatoire de l’enseignement primaire, en même temps que sa gratuité et sa laïcité. Une vraie révolution ! Les seules concessions : des vacances correspondant aux grandes fêtes religieuses (Noël et Pâques) et aux travaux des champs (moissons et vendanges) de juillet à septembre, car les parents ont alors besoin des enfants pour les aider à la ferme.

Réussir son certificat d’études, c’était prouver que l’on savait compter, lire, écrire et rédiger, mais aussi que l’on avait assimilé les valeurs et la morale républicaine enseignée par les maîtres et les maîtresses dans les "Écoles de filles" et les "Écoles de garçons". …

Le certificat d’études est longtemps resté le seul diplôme de la majorité des Français. Créé en 1808 par Napoléon 1er, le baccalauréat ne faisait que peu d’émules : les études étaient longues et le lycée a très longtemps été payant. La première promotion de bacheliers, en 1809, ne comptait que trente et un diplômés pour toute la France… Et en 1968 (c’était hier pourtant), un enfant sur dix seulement passait son baccalauréat !Il faudra la révolution des années 1965-1975, pendant lesquelles on a construit en France un collège par jour ouvré, pour faire passer l’essentiel des jeunes du primaire au secondaire et détrôner définitivement le glorieux certificat d’études.


École des filles


École des filles au 2 Carrer del Portal de França de 1876 à 1895

Lors de la délibération du conseil municipal du 24/11/1892 il est décidé de mettre fin à la location du 2 Carrer del Portal de França mais le contrat ne peut être résilié qu’en 1895
"Monsieur le maire [Benjamin Cantié] expose au conseil municipal que le propriétaire de la maison d'école des filles, le sieur Rolland Jean [dit
"Carlet" gendre de Palol], a profité de son passage à la mairie, comme adjoint, [1875 à 1876] pour louer à la commune, sa maison pour une longue période. Cette maison [2 Carrer del Portal de França] placée devant un café [3 Carrer del Portal de França] appartenant aussi au dit Rolland, ne saurait convenir pour une école de filles, parce que les divers consommateurs en sortant de l'établissement public urinent à même devant la maison, ce qui est un spectacle obscène pour les enfants.
De plus sous la salle de classe se trouve une étable où le sieur Rolland remise des troupeaux de porcs appartenant à divers marchands qui logent dans son établissement ; le plancher de cette salle, dont les planches sont disjointes, laisse passer les émanations malsaines qui se dégagent de l'étable, ce qui pourrait être la cause de maladies pour les
élèves et pour la maîtresse.
Pour ces motifs, M. le maire croit qu'il conviendrait de demander la résiliation du bail. Le conseil à l'unanimité se range de l'avis de Monsieur le Maire."
Une note de la sous préfecture indique que "Les conditions du bail ne permettent pas la résiliation demandée ; cette mesure amènerait certainement un procès. Mais un accord est intervenu entre la municipalité et le propriétaire de la maison d'école et par suite la présente délibération est devenue sans objet."

École des filles au 1 Escaler d'en Dolfe 1895 à 1910

Le 01/02//1895 le bail de l’ancienne école du 2 Carrer del Portal de França est expiré.La nouvelle école est installée dès cette dernière date. Une nouvelle salle de classe pour les filles a été trouvée en 1895 : une partie de la maison du 1 Escaler d'en Dolfe qui appartient à de Massia. Cette maison est aussi le logement de l'institutrice. Le 20 janvier 1895 le Conseil Municipal approuve le bail entre la mairie et Monsieur de Massia.
Les élèves sont obligés de passer dans la cuisine de la maitresse pour aller dans la selle de classe, en outre le propriétaire se réservant une chambre au deuxième étage, l’institutrice [Llobères] n’est donc pas totalement chez elle.
D’un autre côté l’appartement n’est pas suffisant puisqu’il ne comprend qu’une cuisine et deux chambres. Dans ces conditions M. le préfet approuve le bail mais sous réserve expresse des conditions suivantes
1 – Un corridor en briques ou en bois, avec porte fermant à clef sur la cuisine, sera établi dans le plus bref délai, conformément aux indications en bleu sur le plan ci-joint.
2 – Le logement de l'institutrice comprendra une cuisine au 1er étage et trois chambres au deuxième.
Le 28 février le sous-préfet estime que "le local est assez convenable, la salle de classe est vaste , bien éclairée et le logelent de l'institutrice serait suffisant s'il comprenait quatre pièces."


Institutrices


Taja Élisabeth (1854) - Institutrice de 1878 à 1885


Mademoiselle Élisabeth Taja a été nommée sur sa demande, le 09/10/1878 à Mosset, avec un traitement de 900 francs. Elle remplace Mademoiselle Cantié Adèle qui a demandé un congé. (Elle a 31 ans) (ADPO 1T66)



Moné ou Monet (1852) - Institutrice de 1885 à 1893


Venant de Egat, l’institutrice Moné arrive à Mosset le 01/12/1885 au poste laissé par Mademoiselle Taja. (ADPO 1T159, 1T67)
Elle avait été nommée institutrice le 01/10/1872. (ADPO 1T152)
Le 12/03/1893, elle est nommée de Mosset à Taurinya ou Ortaffa sur sa demande. (ADPO 1T67)
Institutrice à Taurinya ou Ortafa en 1896. (ADPO 1T326)
En 1888 le cahier de présence indique que pour 76 élèves :
- le mois de plus grande assiduité est celui de mars. Certaines élèves sont présentes 22 jours (Marie et Julie Corcinos, Catherine Parès,v Catherine Dimon,Anna Ville)

L'année scolaire commençait en juillet et le seul mois de vacances était celui de septembre.



Relieu - Institutrice en 1893

Pelieu est instututrice à Mosset en 1893.
Le 12/03/1893, elle est nommée de Mosset à Saint-Laurent-de-la-Salanque, avancement. (ADPO 1T66)


Llobères - Institutrice de 1893 à 1896


Le 02/1893, Llobères est nommée de Egat à  Mosset.
Le 1/10/1896, elle est nommée de Mosset à Corsavy, elle est célibataire. (ADPO 1T67)
A pris ses fonctions d'institutrice le 1/10/1884 et est Institutrice de 5e classe le 01/01/1896. (ADPO 1T326)


Molas Marie - Institutrice de 1896 à 1898

Marie Molas, Soeur Céleste de la Congrégation du St Sacrement de Perpignan, est née le 11/02/1869.
Elle est Boursière de l'état en 1853. (ADPO 1T438 et 1T212)
Elle a pris les fonctions d'institutrice le 24/11/1886. (ADPO 1T326) :
Molas Marie (Sœur Céleste) institutrice prend son poste à Mosset le  01/10/1896 venant des Angles. Elle quitte Mosset pour Opoul à 30/09/1898. (ADPO 1T67)
Le 30/01/1903, nommée de Opoul à Saint-Paul
Le 28/12/1903, nommée de Saint-Paul à Perpignan (Suppléance) célibataire.



Goze Marie (1871-1960)- Institutrice de 1899 à 1908


Marie Joséphine Victorine Goze, née le 10 juin 1871 à Sahorre, est célibataire mais elle a la charge de la garde se sa grand'mère et subvient à ses besoins. C’est la raison pour laquelle elle désire un poste sur la vois de chemun de fer.
Ancien éleve de l'Ecole Normale de Perpignan (du 01/10/1889 au 07/1892), armée du Brevet eélémentaire, elle a son Certificat d' Aptidude Pédagogique, (ADPO 1T97):
Melle Goze, adjointe à St-Laurent de la Salanque, aspire, le 16/09/1898, au poste de Corneilla, mais accepte celui de Mosset où elle . Le 05/01/1899, le député Emile Brousse, qui était intervenu pour la nomination de Melle Goze, remercie pour sa nomination à Mosset, où elle est Directrice de l'Ecole. (ADPO 1T97)
Elle est nommée à Mosset le 01/01/1899. Son traitement annuel est de 1000 francs
En 1902 elle devient titulaire. (ADPO 1T491) :

Le 23/03/1908 elle quitte Mosset pour Vingrau. Elle est toujours célibataire. (ADPO 1T67)

Livret CEP
CEP de Joseph Soler
Carrer del Portal de França

Café Rolland au 3 Carrer del Portal de França
L'école des filles était en face au N°2

Escaler den Dolfe

L'école des filles
chez de Massia
au 1
Carrer den Dolfe

 
Mis à jour le 13/02/2018
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