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Histoire de Mosset... pour tous... ou Histoire résumée.
Depuis le Traité des Pyrénées de 1659, Mosset fait partie du territoire de la France. Les régimes politiques nationaux qui se sont succédé, ont tous fait preuve d'une centralisation sans faille. L'Histoire de Mosset est donc essentiellement l'Histoire de la France.
Sous l'ancien Régime, après 1659, les habitants n'ont pas connu la guerre sur le territoire de la paroisse et quasiment aucun homme n'a participé à un conflit. Le seul événement lié à la défense est l'enrôlement, après tirage au sort, de 4 Mossétans dans la Compagnie d'Olette chargée de la garde de la frontière espagnole.
Au XVIIIe siècle les habitants de la baronnie ont été peu touchés par les mesures de francisation peu à peu imposées par Paris. L'État Civil n'a été rédigé en langue française qu'à partir de 1738 et comme les quelques 700 habitants de la commune n'avaient aucune instruction, ils ont continué à vivre en autarcie et à communiquer en langue catalane du Conflent.
La Révolution a amené les premiers et seuls combats qu'ait connus le Département des Pyrénées Orientales avec l'invasion espagnole de 1793 et les batailles du Boulou, de Peyrestortes. Mosset a été pris et occupé du 17 août au 17 septembre 1793. Les seules autres troupes ennemies qui fouleront son territoire seront les troupes allemandes entre 1942 et 1944, et elles ne s'égareront pas au-delà de la Tour de Mascarda.
Avec la levée en masse de l’an II, puis la conscription, les jeunes hommes ont connu le Conseil de Révision jusqu'en 2001. Ils ont participé à toutes les guerres : guerres impériales, conquête de l'Algérie, guerre de Crimée, guerre du Mexique, guerre de 1870 et guerres coloniales du XIXe siècle, souvent comme "engagés volontaires." Par contre, pour 1914-1918 et 1939-1944 comme "appelés."
Avant 1900, 500 jeunes gens environ sont partis à l'Armée pour 5 ans dont une centaine étaient des volontaires : soit comme "engagés," soit comme "remplaçants." Vingt deux sont Morts pour la France. Ceux qui sont revenus, non seulement parlaient le français mais avaient acquis une ouverture sur le monde, une expérience et parfois un pécule qui leur a permis de s'élever dans l'échelle sociale locale.
La Grande Guerre, par contre fut une hécatombe. En 4 ans Mosset a perdu sur le champ de bataille 2 fois plus de combattants que le village n'en avait perdus depuis 1800 : 46 Morts pour la France soit 5% de la population, 11 veuves et le nombre de blessés est estimé à 132.
Par ailleurs, sur le plan économique Mosset a connu un développement constant de 1659 à 1835. L'activité industrielle apportée par le traitement du minerai de fer, grâce au bois des immenses forêts, a fait passer la population de 500 environ à 1350 personnes. L'agriculture traditionnelle et l'élevage des ovins ont bénéficié de ce développement. Mosset a acquis une réputation pour ses pâturages et la qualité de ses pommes de terre, de ses haricots et plus tard de ses arbres fruitiers.
Puis peu à peu, avant la fin du XIXe siècle, la productivité des forges de l'Est de la France, le développement des transports, de la science, des industries nouvelles et des services, ont défavorisé la population autochtone. Les Mossétans ont émigré et abandonné les terres de la vallée de la Castellane pour aller vers les villes et souvent pour y exercer une activité dans l'Administration. Après une sévère chute de population dans les années 1970 - jusqu'à 260 habitants - Mosset se repeuple peu à peu et dépasse aujourd'hui les 300 habitants. Le foncier à vocation agricole est maintenant abandonné et dévalorisé alors que le patrimoine bâti garde un certain potentiel à la faveur des nouveaux habitants venus du Nord de l'Europe. En ce sens, depuis un siècle et demi l'Histoire de Mosset n'est pas différente de celle des autres villages de moyenne montagne.
Quelle est donc sa spécificité ?
Elle tient essentiellement aux relations conflictuelles entre la commune et les barons de la seigneurie de la lignée des Marquis d'Aguilar . Jusqu'à la Révolution ce conflit est celui des assujettis opposés au pouvoir.
De sa toute puissance, conséquence de son rôle de garant de la sécurité depuis le Moyen Âge, puissance que le seigneur a perdue au profit du pouvoir royal centralisé, le seigneur n'a conservé, au XVIIIe siècle, outre ses forces économiques, qu’un certain pouvoir réglementaire local. Les règles qu'il impose, à l'exemple des criées de 1772, sont de plus en plus insupportables. La communauté de Mosset s'est battue contre les privilèges. Bien que timide, une rébellion a éclaté le 16 décembre 1737 contre le monopole seigneurial du four à pain (11). Excédée, la communauté a adressé en 1774 une requête au Roi. Le document correspondant de 36 pages, fait état de 8 procès consécutifs entre 1718 et 1774. Des sommes importantes ont été dépensées... Deux Mossétans sont montés à Paris pour faire valoir leurs droits... sans résultats manifestes.
Les évènements de 1789 ont permis la revanche : la liberté d'entreprendre et de commercialiser, illustrée par la construction d’un moulin à farine communal puis l'achat, par les bourgeois, des anciennes propriétés de Pierre d'Aguilar dernier seigneur de Mosset.
Les circonstances ont voulu que les forêts et les vacants reviennent à son dernier héritier, Melchior d'Aguilar (1755-1838), émigré véritable qui a pu recueillir la part d'héritage de son frère Jean Gaspard (1758-1811) faux émigré. Jusqu'en 1811 Mosset investira pour rien des sommes folles pour faire valoir ses droits. En 1806 deux gardes forestiers seront assassinés et 4 Mossétans seront condamnés au bagne de Roquefort et y mourront.
Il faudra attendre 1861 pour que Mosset reçoive les vacants et la partie basse de la forêt.Et ainsi prend fin un différend de 561 ans qui puisait ses racines dans la constitution Stratae de Barcelone de 1300.
Enfin, il y a deux siècles, une apparition au-dessus de l’église, au sommet du clocher, a fait croire au miracle. Un pin sylvestre a grandi spontanément. Il a atteint 290 cm de haut. Il est unique en France. Il est le symbole de l’Histoire de Mosset.