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LA MORT DU LAVOIR
Anne-Marie CHATAGNON
Elle tourne, elle tourne la machine à laver,
La ronde du tambour m'entraîne à repenser
Au temps où, jeune encore, je devais lessiver
Au lavoir du village, notre linge souillé.
Dieu! que l'eau de la source était froide à mes mains,
Et que la lessiveuse était lourde à mes reins,
Oui, mais si les hivers étaient rudes et chagrins,
La lessive, en été, se finissait en bain.
Puis, un matin, les hommes ont creusé des tranchées,
Enterré des tuyaux, posé des robinets,
Dressé de grands poteaux pour enfin nous donner
L'eau, l'électricité, en un mot, le progrès.
Et, petit à petit, les femmes ont déserté
Ce lieu de dur labeur et de joie partagés.
Se sont éteints les rires et les bruits des battoirs,
L'avancée du progrès a tué le lavoir.
Elle tourne, elle tourne, la machine à laver
La ronde du tambour m'entraîne à repenser
Au temps de ma jeunesse mais, jamais non jamais
Malgré la nostalgie, je ne m'en passerai.
Poème trouvé dans un extrait de la SOFRES